Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, III.djvu/622

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6io Correspondance.

qui la rendent plus pefante ; & le principal eu que la chaleur de cete poire, efchauffant auffy tout autour Tair de dehors qui l'enuironne, le rend plus rare, au moyen de quoy elle eft plus pefante. Ce que ie n'ofe toutefois bien aflurer fans examen ; car cet air mon- 5 tant en haut en l'autre air, femble ne faire qu'vn cors auec elle & ainfy la rendre légère. Il faudroit que W\e Cardinal" vous euft laiffé deux ou j de fes mi- lions, pour pouuoir faire toutes les expériences qui feroient neceffaires pour decouurir la nature particu- 10 liere de chafque cors ; & ie ne doute point qu'on ne puft venir a de grandes connoiflances, qui feroient bien plus vtiles au public que toutes les viâoires qu'on peut gaigner en faifant la guerre. L'obferuation que vous auez faite, que la poire eftant fort chaude ne tire point 1 5 d'eau iufques a ce qu'elle fe foit rafroidie iufques a certain degré, eft fort notable & mérite d'eftre réi- térée ; & mefme peut eflre qu'on trouuera, eftant fort chaude, au lieu de tirer de l'eau, qu'il en fortira vn peu d'air, au commencement qu'elle fe rafroidira; 20 ainfy que l'eau qui fe condenfe, a mefure qu'elle fe ra- froidift, quand elle n'eft pas encore paruenue iufques a certain degré de froideur, fe dilate par après, en fe rafroidiffant dauantage, auant que de fe glacer, comme i'ay efcrit en mes Météores. Pour voftre doute, fça- 25 uoir fi la poire ne tire point plus d'eau qu'il n'eft forti d'air, il eft ayfé a foudre ; car fi elle en tire trop, il en refortira de foy mefme incontinant après ; & ie croy bien que cela pourroit arriuer, fi on la faifoii refroidir

a. Richelieu venait de mourir, le 4 décembre 1642.

b. Page 164.

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