Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, III.djvu/66

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(Vie de M. Des-Cartes, II, 40) auraient pu s’assurer en relisant VEssaj- (et non point Traité) pour les Coniques. II n’a été réimprimé que dans les Œuvres de Biaise Pascal , édition Bossut(La Haye, 1779, t. IV, p. 1-7). C’était un simple placard qui pouvait être affiché (il tient tout entier sur le recto d’une assez grande feuille); la Bibl. Nat. en possède un exemplaire (en tête d’un recueil intitulé : Invent, de Géométrie, V, 848, 3). Le titre est : Essay pour les Coniques par B. P.; il comprend trois définitions, trois lemmes et les énoncés de cinq théorèmes et de trois problèmes. On y lit (avant l’énoncé du quatrième théorème) :

« Nous demonstrerons aussi cette propriété, dont le premier inuenteur est Mr Desargues Lyonnois, vn des grands esprits de ce temps, et des plus versez aux Mathématiques, et entr’autres aux Coniques, dont les escripts sur cette matière, quoy qu’en petit nombre, en ont donné vn ample tesmoignage à ceux qui en auront voulu rcceuoir l’intelligence : et veux bien aduoûer que ie doibs le peu que i’ay irouué sur cette matiere à ses escrits, et que i’ay tasché d’imiter autant qu’il m’a este possible sa méthode sur ce subjet, qu’il a traitté sans se seruir du triangle par l’axe : Et traittant généralement de toutes les sections de Cône, la propriété merueilleuse dont est question est telle : ... etc. »

Le placard se termine ainsi : >

« Nous auons plusieurs autres Problèmes et Théorèmes, et plusieurs » conséquences des précédents; mais la défiance que i’ay de mon peu d’experience et de capacité, ne me permet pas d’en auancer dauantage, aduant » qu’il ait passé à l’examen des habiles gens, qui voudront nous obliger » d’en prendre la peine; après quoy, si l’on iuge que la chose mérite » d’estre continuée, nous essayrons de la pousser iusques où Dieu nous » donnera la force de la conduire. A Paris, M.DC.XL. »

La « confession », dont parle Descartes (p. 47, 1. lo-i i), est aussi clairement formulée que possible dans le premier des deux passages qui viennent d’être cités. Pour reconnaître, d’autre part, que Biaise Pascal, dans son Essay, procède comme un disciple de Desargues, Descartes n’avait certainement pas besoin d’en lire la moitié; car la première définition {lignes droites de même ordonnance) est empruntée au Brouillon-proiect de ibSg (voir t. II, p. 557, éclaircissement sur p. 555, 1. 25). L’accusation d’erreur, sinon de mensonge, lancée contre Descartes à propos de ce passage de ses lettres, est donc aussi ridicule que la riposte de Clerselier est faible. Quant à l’histoire racontée par Périer,elle est absolument invraisemblable, comme le remarquait déjà Bayle, dans son Dictionnaire historique : car elle supposerait, pour VEssajy, de la part de Descartes, une admiration dont il ne témoigne guère et qu’il n’était point dans son caractère d’éprouver. Il est donc au moins singulier que, dans son Histoire des Mathématiques (t. II, p. 62), Montucla ait reproduit les récits de Baillet.

La gloire de Pascal n’est, au reste, en rien diminuée par la remarque de Descartes, et Chasles l’a mise en pleine lumière dans son Aperçu historique, etc. (a" éd., Paris, Gauthier-Villars, 1875, p. 71-73), où l’on trou-