Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, III.djvu/705

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1, 94-9i- CCCX. — 28 Juin 164). 693

feul, & que i'ay donné tout le refte de mon temps au relafche des fens & au repos de refprit; mefme ie conte, entre les exercices de Fimagination, toutes les conuerfations ferieufes, & tout ce à quoy il faut auoir

5 de l'attention . C'efl ce qui m'a fait retirer aux champs ; car en|core que, dans la ville la plus ocupée du monde, ie pourrois auoir autant d'heures à moy, que i'en em- ployé maintenant à l'étude, ie ne pourrois pas toutes- fois les y employer fi vtilement, lors que mon efprit

To feroit lafie par l'attention que requert le tracas de la vie. Ce que ie prens la liberté décrire icy à voftre AlteiTe, pour luy témoigner que i'admire véritable- ment que, parmy les affaires & les foins qui ne man- quent iamais aux perfonnes qui font enfemble de

i5 grand efprit & de grande nailTance, elle ait pu vaquer aux méditations qui font requifes pour bien connoi- ilre la diftindion qui efl: entre lame & le corps.

Mais i ay iugé que c'eftoit ces méditations, plutoft que les penfées qui requerent moins d'atention, qui

20 luy ont fait trouuer de l'obfcurité en la notion que nous auons de leur vnion ; ne me femblant pas que l'efprit humain foit capable de conceuoir bien diftin- élement, & en mefme temps, la diftinction d'entre l'ame & le corps, & leur vnion ; à caufe qu'il faut, pour

25 cela, les conceuoir comme vne feule chofe,& enfemble les conceuoir comme deux, ce qui fe contrarie. Et pour ce fuiet, (fupofant que voftre Altefte auoit en- core les raifons qui prouuent la diftindion de l'ame & du corps fort prefentes à fon efprit, & ne voulant

3o point la fuplier de s'en défaire, pour fe reprefenter la

6 ville] vie. — du monde] des villes.

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