Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/132

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n8 Correspondance. i, 524-535.

mais feulement 8 qu'elle nous fait pancher dauantage vers vn cofté que vers l'autre, & ainfi qu'elle la dimir nuë, bien qu'elle ne diminue pas la liberté; d'où il fuit, ce me femble, que cette liberté ne confifte point en l'indifférence. 5

Pour la difficulté de conceuoir, comment il a elle libre & indiffèrent à Dieu de faire qu'il ne fuft pas vray, que les trois angles d'vn triangle fuffent égaux à deux droits, ou généralement que les contradictoires ne peuuent eftre enfemble b , on la peut aifement ofter, >o en considérant que la puifiance de Dieu ne peut auoir aucunes bornes; puis auffi, en confiderant que noftre efprit eft finy, & créé de telle nature, qu'il peut conce- uoir comme poffibles les chofes que Dieu a voulu eftre véritablement poffibles, mais non pas de telle, qu'il i5 puiffe auffi conceuoir comme poffibles celles que Dieu auroit pu rendre poffibles, mais qu'il a toutesfois voulu rendre impoffibles. Car la première confideration nous fait connoiftre que Dieu ne peut auoir efté dé- terminé à faire qu'il fuft vray, que les contradictoires 20 ne peuuent eftre enfemble, & que, par confequent, il a pu faire le contraire ; puis l'autre nous affure que, bien que cela foit vray, nous ne deuons point tafcher de le comprendre, pour ce que noftre nature n'en eft pas capable. Et encore que Dieu ait voulu que quel- 25 ques veritez fuffent neceffaires, ce n'eft pas à dire qu'il les ait neceflairement voulues; car c'eft toute autre chofe de vouloir qu'elle fuf|fent neceffaires, & de le vouloir neceffairement, ou d'eftre neceffité

a. Médit. 4 1 , p. 36. lidii. n'>4J.

b. Responsioiu:* T . p. 47g. (Edii. 1 64 j .

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