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292 Correspondance. i, ^-u-

le confiderer tel qu'il eft, nous nous trouuons naturel- lement fi enclins a l'aymer, que nous tirons mefme de la ioye de nos affli&ions, en penfant que fa volonté s'exécute en ce que nous les receuons.

La féconde chofe, qu'il faut connoiftre, eft la nature 5 de noftre ame, en tant qu'elle fubfifte fans le cors, & eft beaucoup plus noble que luy, & capable de iouir d'vne infinité de contentemens qui ne fe trouuent point en cete vie : car cela nous empefche dé craindre la mort, & détache tellement noftre affection des 10 chofes du monde, que nous ne regardons qu'auec mépris tout ce qui eft au pouuoir de la fortune.

A quoy peut aufly beaucoup feruir qu'on iuge di- gnement des œuures de Dieu, & qu'on ait cete vafte idée de l'eftendue de l'vniuers, que i'av tafché de faire >5 conceuoir au j c liure de mes Principes : car fi on s'imagine qu'au delà des cieux il n'y a rien que des efpaces imaginaires, & que tous ces cieux ne font faits que pour le feruice de la terre, ny la terre que pour l'homme, cela fait qu'on eft enclin a penfer que cete 20 terre eft noftre principale demeure, & cete vie noftre meilleure; & qu'au lieu de connoiftre les perfe&ions qui font véritablement en nous, on attribue aux autres créatures des imperfections qu'elles n'ont pas, pour s'efleuer au deflus d'elles, & entrant en vne prefomp- ** tion impertinente, on veut eftre du confeil de Dieu, & prendre auec luy la charge de conduire le monde, ce qui caufe vne infinité de vaines inquiétudes & faf- cheries.

Apres qu'on a ainfy reconnu la bonté de Dieu, 3o

18 ces les. — 22 meilleur.

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