Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/309

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i, »5-*6. CDIII. — 15 Septembre 1645. 2 95

la recherche defquels elles nous incitent, beaucoup plus grans qu'ils ne font véritablement; & que les plaifirs du cors ne font iamais fi durables que ceux de l'ame, ny fi grands, quand on les poffede, qu'ils pa- 5 roiffent, quand on les efpere. Ce que nous deuons foigneufement remarquer, affin que, lorfque nous nous fentons émeus de quelque paffion, nous fufpen- dions noftre iugement, iufques a ce qu'elle foit apai- fée ; & que nous ne nous laiflions pas ayfement tromper

10 par la | faufle apparence des biens de ce monde.

A quoy ie ne puis adioufter autre chofe, finon qu'il faut auffy examiner en particulier toutes les mœurs des lieux ou nous viuons,pour fçauoir iufques ou elles doiuent eftre fuiuies. Et bien que nous ne puifîions

i5 auoir des démonstrations certaines de tout, nous deuons néanmoins prendre parti, & embraffer les opinions qui nous paroiffent les plus vrayfemblables, touchant toutes les chofes qui vienent en vfage, affin que, lorfqu'il eft queftion d'agir, nous ne foyons ia-

ao mais irrefolus. Car il n'y a que la feule irrefolution qui caufe les regrets & les repentirs.

Au relie, i'ay dit cy deffus qu'outre la connoiffance de la vérité, l'habitude eft auffy requife, pour eftre toufiours difpofé a bien iuger. Car, d'autant que nous

2 5 ne pouuons eftre continuellement attentifs a mefme chofe, quelques claires & euidentes qu'ayent efté les raifons qui nous ont perfuadé cy deuant quelque vé- rité, nous pouuons, par après, eftre détournez de la croyre par de fauffes apparences, fi ce n'eft que, par

7 nous fentons] fommes. — 8 iufqu'à. — 25 après a] vne ajouté. — 27 quelque] vne.

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