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biens qu'on pofîede eftre plus grands & plus efti- mables qu'ils ne font, & ignorant ou ne s'areftant pas a confiderer ceux qui manquent, que d'auoir plus de confideration & de fçauoir, pour connoiftre la iufte 5 valeur des vns & des autres, & qu'on deuiene plus trifte. Si ie penfois que le fouuerain bien fuft la ioye. ie ne douterois point qu on ne deuft tafcher de fe rendre ioyeux, a quelque prix que ce puft eftre, &. i'approuuerois la brutalité de ceux qui noyent leurs
10 deplaifirs dans le vin, ou les eftourdiflent auec du pe- tun. Mais ie diftingue entre le fouuerain bien, qui confifte en l'exercice de la vertu, ou, ce qui eft le mefme, en la poiTeflïon de tous les biens dont l'acqui- fition dépend de noftre libre arbitre, & la fatisfaftion
'5 d'efprit qui fuit de cette acquifition. C'eft pourquoy, voyant que c'eft vne plus grande perfection de con- noiftre la vérité, encore mefme qu'elle foit a noftre defauantage, que l'ignorer, i'auouë qu'il vaut mieux eftre moins gay & auoir plus de connoiffance. Auffy
20 n'eft-ce pas toufiours, lorfquon a le plus de gayeté, qu'on a l'efprit plus fatisfait ; au contraire, les grandes ioyes font ordinairement mornes & ferieufes, & il n'y a que les médiocres & paflageres, qui foient accom- pagnées du ris. Ainfy ie napprouue point qu'on
2 5 tafche a fe tromper, en fe repaiffant de fauffes ima- ginations; car tout leplaifirqui en reuient, ne peut toucher que la fuperficie dame, laquelle fent cepen-
2 après l'ont] en effet ajoute. — perfections. — 18 que de. —
5 en deuienne. — 10 ou qui. — 27 après toucher] pour ainfi dire
1 2-1 3 ce. . . mefme parenthèse. ajouté. — de l'ame (mieux). — i3 tous les biens! toutes les
Correspondance. IV. 3q
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