Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/336

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}22 Correspondance.

mais non pas Jî ordinaire. Nous fommes plus enclins a meconnoifire nos défauts, que nos per feulions. Et en fuyant le repentir des fautes commifes, comme vn ennemi de la félicité, on pourroit courir hafard de perdre l'enuie de s'en corriger, principalement quand quelque paffwn les a 5 produites, puifque nous aimons naturellement d'en eflre émeus, & d'en Juiure les mouuemens ; il n'y a que les in- commodités procédant de cette fuite, qui nous apprennent qu'elles peuuent eflre nuifibles. Et c'ejî, a mon iugement, ce qui fait que les tragédies plaifent d'autant plus, qu'elles 10 excitent plus de tri jleffe, parce que nous cognoiffons quelle ne fera point ajfer^ violente pour nous porter a des extra- uagances, ni ajfe^ durable pour corrompre lafanté.

Mais cela ne fuffit point, pour appuyer la doctrine con- tenue dans vne de vos précédentes, que les pafjions font >5 d'autant plus vtiles, qu'elles panchent plus vers l'excès, lorfqu elles font foumifes a la raifon *, parce qu'il femble qu'elles ne peuuent point eflre excejfiues & foumifes. Mais ie crois que vous eclaircirc^ ce doute, en prenant la peine de décrire comment cette agitation particulière des efprits 20 fert a former toutes les pafjions que nous expérimentons, & de quelle fajfon elle corromt le raifonnement. Ien'ofe- rois vous en prier, fi ie ne fauois que vous ne laijfe^ point d'œuure imparfaite, & qu'en entreprenant d'enfeigner vne perfonne Jlupide, comme moy, vous vous efles préparé i5 aux incommodités que cela vous apporte.

C'ejlce qui me fait continuer a vous dire, que ie ne fuis point perfuadée, par les raifons qui prouuent l'exijlence de Dieu, & qu'il efi la caufe immuable de tous les effets qui ne dépendent point du libre arbitre de V homme, qu'il l'efl 3o

a. Voir ci-avant p. 287, 1. 1 1 .

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