Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/458

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444 Correspondance. i, 534-535.

qu'il vous a plû m'y propofer, touchant ce qu'on doit prendre pour le premier principe, à caufe que vous y auez défia répondu mieux que ie ne fçaurois faire.

I'adioute feulement que le mot de principe fe peut prendre en diuers fens, & que c'eft autre chofe de 5 chercher vne notion commune, qui foit fi claire & û générale qu'elle puifTe feruir de principe pour prouuer l'exiftence de tous les Eftres, les Entia, qu'on con- noiftra par après ; & autre chofe de chercher vn EJîre, l'exiftence duquel nous foit plus connue que celle 10 d'aucuns autres, en forte qu'elle nous puifTe feruir de principe pour les connoiftre.

Au premier fens, on peut dire que impoffibile ejî idem ftmul effe & non effe eft vn principe, & qu'il peut généralement feruir, non pas proprement à faire con- 1 5 noiftre l'exiftence d'aucune chofe, mais feulement à faire que, lors qu'on la connoift, on en confirme la vérité par vn tel raifonnement : // eft impoftible que ce qui vft ne foit pas; or ie connois que telle chofe eft ; donc ie connois qu'il eft impoftible qu'elle ne foit pas. Ce 20 qui eft | de bien peu d'importance, & ne nous rend de rien plus fçauans.

En l'autre fens, le premier principe eft que noftre Ame exifte, à caufe qu'il n'y a rien dont l'exiftence nous foit plus notoire. *5

I'adioute aufli que ce n'eft pas vne condition qu'on doiue requérir au premier principe, que d'eftre tel que toutes les autres propofitions fe puiflent réduire & prouuer par luy ; c'eft aflez qu'il puifTe feruir à en trouuer pluiieurs,& qu'il n'y en ait point d'autre dont 3o il dépende, ny qu'on puiffe plutoft trouuer que luy.

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