Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/534

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$20 Correspondance.

prend, laijjent des impreffions en mon ejprit, qui contri- bueront touiours au contentement de ma vie.

l'ay mille regrets de n 'auoir point amené le Hure, que vous aue^ pris la peine d'examiner* pour m'en dire vojlre fentiment, par terre, me laifjant perfuader que le bagage 5 que i'enuoirois par mer a Hambourg, feroit icy plutojl que nous; & il n'y efi pas encore, quoy que nous yfommes arriués le jjij Jeptembre du pajjé. C ejl pour quoy ie ne me faurois reprej enter des maximes de cet auteur qu'au- tant quvne très mauuaife mémoire me peut fournir dvn >o Hure que ie n'ay point regardé de 6 ans*. Mais il me fouuient que ïen approuuois alors quelques vnes, non pour ejlre bonnes de foy, mais parce qu'elles caufent moins de mal que ceux h dont Je feruent vne quantité d'ambitieux imprudens, que ie cognois, qui ne tendent qua brouiller, >5 & laijfer le rejle a la fortune; & celles de cet auteur tendent toutes a l eflabliffement .

Il me femble aujfi que, pour enfeigner le gouuernement dvn EJlat, il fe propofe l'EJlat le plus dificile a gou- uerner, où le prince ejlvn nouuel vfurpateur, au moins en 20 l'opinion du peuple; & en ce cas, l'opinion qu'il aura luy mefme de la iuflice de fa caufe, pourroit feruir au repos de fa confcience, mais non a celuy de fes affaires, où les loix contrarient f on autorité, où les grands la contreminent & où le peuple la maudit. Et lorfque l'EJlat efainfidif 2 5 pofé, les grandes violences font moins de mal que les pe- tites, parce que celles cy offenfent aufji bien que celles la, & donnent fuiet a vne longue guerre; celles la en ojlent le courage & les moyens aux grands qui la pourront entre-

a. Le Prince de Machiavfl. Voir p. 486, 1. 3, et éclaircissement, p. 493.

b. Lire celles (tes maximes), comme plus bas, 1. i<5.

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