Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/627

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i. 1.5-1 .c CDLXVIII. — i cr Février 1647. 61}

comparaifon la plus grande & la plus parfaite de toutes.

le n'ay pas peur que ces penfées metaphyfiques donnent trop de peine à voftre efprit; car ie fçay qu'il 5 eft très-capable de tout; mais i'auoùe quelles lalfent le mien, ^ que la prefenec des obiets fenfibles ne permet pas que ie m'y arrefte long-temps. C'eft pour- quoy ie palî'e à la troiliéme queftion, fçauoir : lequel des deux dérèglement ejl le pire, celuy de l'amour, ou

10 celuy de la haine'/ Mais ie me trouue | plus empefché à y répondre qu'aux deux autres, à caufe que vous v auez moins expliqué voftre intention, & que cette dif- ficulté fe peut entendre en diuers fens, qui me femblent deuoir eftre examinez leparement. On peut dire qu'vne

i5 paffion eft pire qu'vne autre, à caufe qu'elle nous rend moins vertueux; ou à caufe qu elle répugne dauan- tage à noftre contentement; ou enfin à caufe qu'elle nous emporte à de plus grands excès, & nous difpofe à faire plus de mal aux autres hommes.

20 Pour le premier point, ie le trouue douteux. Car en confiderant les définitions de ces deux partions, ie iuge que l'amour que nous auons pour vn obiet qui ne le mérite pas, nous peut rendre pires que ne fait la haine que nous auons pour vn autre que nous deurions

z5 aimer; à caufe qu'il y a plus de danger d'eftre ioint à vne chofe qui eft mauuaife, & d'eftre comme trans- formé en elle, qu'il n'y en a d'eftre feparé de volonté d'vne qui eft bonne. Mais quand ie prens garde aux inclinations ou habitudes qui naifTent de ces" paf-

3o lions, ie change d'auis : car. voyant que l'amour,

a. Clers. : les.

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