Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/162

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��Œuvres de Descartes. «74- '76.

��employé d'autres fort concrets & compofez, à fçauoir ceux de fujet, de matière è^c de corps, afin d'empefcher, autant qu'il peut, qu'on ne puilïe leparer la penfée d'auec le corps. Et ie ne crains pas que la façon dont il le l'ert; qui ell de joindre ainfi plufieurs chofes en- l'emble, Ibit trouuée plus propre pour paruenir à la connoiflance de la vérité, qu'eil la mienne, par laquelle ie diitingue, autant que ie puis, chaque chofe. Mais ne nous arrêtons pas dauantage aux pa- roles, venons à la chofe dont il ert queltion.

\Ilfe peut faire, dit-il, qu'rne chofe qui peiife fait quelque chofe de corporel, dont le contraire e/l pris & n'efl pas prouué. Tant s'en faut. le n'ay point auancé le contraire, & ne m'en fuis en façon quelconque ferui pour fondement, mais ie l'ay laiffé entièrement indéterminé iufqu'à la lixiéme Méditation, dans laquelle il ei\ prouué.

826 I En après, il dit fort bien que nous ne pouuons conceuoir aucun aâe fans fon fujet, comme la penfée fans v.ne ciiofe qui penfe, parce que la chofe qui penfe n'ejl pas vn rien; mais c'eft fans aucune raifon, & contre toute bonne Logique, & mefme contre la façon ordinaire de parler, qu'il adioute que de là il fumble fuiure qu'rne chofe qui penfe, cfl quelque chofe de corporel; car les fuiets de tous les actes font bien à la vérité entendus comme elUns des fubllances (ou, fi vous voulez, comme des matières, à fçauoir des matières metaphy- fiques), mais non pas pour cela comme des corps.

Au contraire, tous les Logiciens, & prefque tout le monde auec eux, ont coutume de dire qu'entre les fubltanccs les vues font fpiri- tuelles, & les autres corporelles. Et ie n'ay prouué autre chofe par l'exemple de la cire, finon que la couleur, la dureté, la figure, &c., n'appartiennent point à la raifon formelle de la cire; c'elt à dire qu'on peut conceuoir tout ce qui le trouue necelïairement dans la cire, fans auoir belbin pour cela de penfer à elles. le n'ay point auin parlé en ce lieu-là de la raifon formelle de l'efprit, ny mefmc de celle du corps.

Et il ne fert de rien de dire, comme fait icy ce philofophe, qu'vne penfée ne peut pas eltre le fujet d'vne autre penfée. Car qui a iamais feint cela que luy? Mais ie tacheray icy d'expliquer toute la chofe dont il elt queilion en peu de paroles.

227 II ert certain que la penfée ne peut pas eltre fans | vne chofe qui penfe, & en gênerai aucun accident ou aucun ade ne peut eltre fans vne fubitance|de laquelle il foit l'ade. Mais, d'autant que nous ne connoilTons pas la fubrtance immédiatement par elle-mefme, mais feulement parce qu'elle ell le l'uiet de quelques actes, il elt fort con-

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