Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/167

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Troisièmes Objections. 141

��I Réponse.

Par le nom d'idée, il veut feulement qu'on entende icy les images des chofes matérielles dépeintes en la fantaifie corporelle ; & cela eftant fupofé, il lu}' elt aifé de monitrer qu'on ne peutauoir aucune propre & véritable idée de Dieu ny d'vn Ange ; mais i'ay Ibuuent auerti, & principalement en ce lieu-là mefme, que ie prens le nom d'idée pour tout ce qui elt conccu immédiatement par i'efprit : en l'orte que, lorfque ie veux & que ie crains, parce que ie conçoy en mefme temps que ie veux & que ie crains, ce vouloir & cette crainte font mis par moy au nombre des idées ; & ie me fuis ferui de ce nom, parce qu'il efloit defia communément receu par les philo- fophes, pour | lignifier les formes des conceptions de l'entende- 235 ment diuin, encore que nous ne reconnoifTions en Dieu aucune fan- taifie ou imagination corporelle; & ie n'en fçauois point de plus propre. Et ie penfe auoir allez expliqué l'idée de Dieu, pour ceux qui veulent conceuoir le fens que ie donne à mes paroles; mais pour ceux qui s'attachent à les entendre autrement que ie ne fais, ie ne le pourois iamais allez. Enfin, ce qu'il adioute icy de la créa- tion du monde, efl: tout affait hors de propos ; car i'ay prouué que Dieu exilte, auant que d'examiner s'il y auoit vn monde créé par luy, & de cela feul que Dieu, c'ell a dire vn eilre Ibuuerainemcnt puiffant, exille, il fuit que, s'il y a vn monde, il doit auoir elle créé par luy.

��OBJECTION SIXIEME.

Mais il y en a d'autres (à fç auoir d'autres peiijees) qui contiennent de plus d'autres formes : par exemple, lorfque ie veux, que ie crains, que i'affirme, que ie nie, ie conçoy bien, à la vérité, toufiours quelque chofe comme le fujet de l'adion de mon efprit, mais i'ad- ioute aufli quelque autre chofe par cette action à l'idée que i'ay de cette chofe-là; & de ce genre de penfées, les vnes font apclées volontez ou affedions, & les autres iugemcns.

\LorJ'qiic qitelqu'vii veut ou craint, // a bien, à la vcritc, l'image de la chofe qu'il craint €■ de l'aâion \ qu'il veut; mais qu'ejl-cc que celuy 236 qui veut ou qui craint, embrajje de plus par fa penféc, cela u'ejî pas icf expliqué. El quqy qu'à le bien prendre la crainte foit rue penfée, ie )ie roy pas comment elle peut ejlre autre que la penfée ou l'idée de

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