Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/232

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2o6 OEuVRES DE DeSCARTES.

chercher ; car il eft certain que, pour la trouuer, on 597 doit toujours commencer | par les notions particu- lières, pour venir après aux générales, bien qu'on puilTe auffi réciproquement, ayant trouué les géné- rales, en déduire d'autres particulières. Ainfi, quand 5 on enfeigne à vn enfant les elemens de la Géométrie, on ne lui fera point entendre en gênerai que, lorfque de deux quantité^ égales on ojîe des parties égales, les rejîes demeurent égaux, ou que le tout ejl plus grand que f es parties, fi on ne luy en montre des exemples en lo des cas particuliers. Et c'efl faute d'auoir pris garde à cecy, que noftre Auteur s'eft trompé en tant de faux raifonnemens, dont il a grolîi fon liure ; car il n'a fait que compofer de fauifes maieures à fa fan- taifie, comme (i l'en auois déduit les veritez que i'ay '5 expliquées.

La féconde Objedion que remarquent icy vos amis eft : Que, pour fçauoir qu'on penfe, il faut fçauoir ce que c'eji que penfée '; ce que ie ne fçais point, difent- ils, à cause que i'ay tout nié. Mais ie n'ay nié que 20 les préjugez, & non point les notions, comme celle- cy, qui fe connoiffent fans aucune affirmation ny négation.

La troiliéme eft : Qiie la penfée ne peut efîrefans objet, par exemple fans le corps. Où il faut éuiter l'équiuoque ^5 du mot de penfée, lequel on peut prendre pour la chofe qui penfe, & auffi pour l'aftion de cette chofe ; or ie nie que la chofe qui penfe ait befoin d'autre objet que de foy-mefme pour exercer fon adion, bien qu'elle puifle auffi l'étendre aux chofes matérielles, 3o lorfqu'elle les examine.

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