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2^2 OEuVRES DE DeSCARTES. 430.431.

entièrement, ou qu'il ne vill remply de vanité. C'eft pourquo}', en diuers lieux; il exhorte & foUicite les hommes de fe conuertir à Dieu & de faire pénitence. Et notamment au Chap. 11, verf. 9, par ces paroles : Et /cache, dit-il, que Dieu te fera rendre compte de toutes tes actions; ce qu'il continue dans les autres fuiuans iufqu'à la fin du Hure. Et ces paroles du Chap. S, verf. 17 : Et i'af reconnu que, de tous les ouurages de Dieu qui Je font fous le foleil, l'homme n'en peut rendre aucune raifon &c., ne doiuent pas eflre entendues de toutes fortes de perfonncs, mais feulement de celuy qu'il a décrit au verfet précèdent : Il y a tel homme qui paffe les iours & les nuits fans dormir; \ comme fi le prophète vouloit en ce lieu-là nous auertir que le trop grand trauail, & la trop grande alTiduité à l'eftude des lettres, empefche qu'on ne paruienne à la connoiffance de la vérité : ce que le ne croy pas que ceux qui me connoiffent particuliè- rement, iugent pouuoir eftre appliqué à moy. Mais furtout il faut

370 pren|dre garde à ces paroles : qui fe font fou\ le foleil, car elles font fouuent répétées dans tout ce liure, & dénotent toufiours les chofes naturelles, à l'exclufion de la fubnrdination & dépendance qu'elles ont à Dieu, parce que, Dieu eitant éleué au delTus de toutes chofes, on ne peut pas dire qu'il foit contenu entre celles qui ne font que fouz le Soleil ; de forte que le vray fens de ce paffage efl: que l'homme ne fçauroit auoir vne connoillance parfaite des chofes na- turelles, tandis qu'il ne connoifira point Dieu : en quoy ie conuiens auffi auec le prophète. Enfin, au Chapitre 3, verf. 19, où il efl dit que l'homme & la jument pafl'enl de mefne façon, & auffi que l'homme n'a rien de plus que la jument, il ell manifelle que cela ne fe dit qu'à raifon du corps; car en cet endroit il n'efi fait mention que des chofes qui apartiennent au corps; & incontinent après il adioute, en parlant féparement de l'ame : Qui fçaitfi l'efprit des enfans d'Adam monte en haut, & H l'efprit des animaux defcend en bas? c'ell à dire qui peut connoilbe, par la force de la raifon humaine, & à moins que de fe tenir à ce que Dieu nous en a reuelé, fi les âmes des hommes iouiront de la béatitude éternelle? Certes i'ay bien taché de prouuer par raifon naturelle que l'ame de l'homme n'efi point corporelle; mais de fçauoir fi elle montera en haut, c'eft à dire fi elle iouira de la gloire de Dieu, i'auoue qu'il n'y a que la feule foy qui nous le puilfe aprendrc.

371 I G. Quant à la liberté du franc-arbitre, il ell certain que celle qui fe retrouue en Dieu, efl bien diflerente de celle qui eft en nous, d'au- tant qu'il répugne que la volonté de Dieu n'ait pas efté de toute éter- nité indifférente à | toutes les chofes qui ont elle faites ou qui le

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