Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/306

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8 Œuvres de Descartes.

que je ne croy pas qu'aucun d'eux defaduouë, qui eft qu'ils ont tous fuppofé pour Principe quelque chofe qu'ils n'ont point parfaitement connue. Par exemple, je n'en fçache aucun qui n'ait fuppofé la pefanteur dans les corps terreftres ; mais encore que 5 l'expérience nous monftre bien clairement que les corps qu'on nomme pefans defcendent vers le centre de la terre, nous ne connoiflbns point pour cela quelle eft la nature de ce qu'on nomme pefanteur, c'eft à dire de la caufe ou du Principe qui les fait lo ainfi defcendre, & nous le deuons apprendre d'ail- leurs. On peut dire le mefme du vuide & des atomes, & du chaud & du froid, du fec, de l'humide, & du fel, (18) du fouffre, du j mercure, & de toutes les chofes fem- blables que quelques-vns ont fuppofées pour leurs i5 Principes. Or toutes les conclufions qu'on déduit d'vn Principe qui n'eft pas éuident ne peuuent auffi eftre euidentes, encore qu'elles en feroient déduites euidemment : d'où il fuit que tous les raifonnemens qu'ils ont appuyez fur de tels Principes, n'ont pu leur 20 donner la connoiffance certaine d'aucune chofe, ny par confequent les faire auancer d'vn pas en la re- cherche de la SagefTe. Et s'ils ont trouué quelque chofe de vray, ce n'a efté que par quelques-vns des quatre moyens ci-defTus déduits". Toutefois je ne veux 25 rien diminuer de l'honneur que chacun d'eux peut prétendre; je fuis feulement obligé de dire, pour la confolation de ceux qui n'ont point eftudié, que tout de mefme qu'en voyageant, pendant qu'on tourne le dos au lieu où l'on veut aller, on s'en éloigne d'autant 3o

a. Ci-avant, p. 5,1. 'i-17, et p. 7, 1. 11,

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