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i8 OEuvRES DE Descartes.

plus durable & plus folide. Le fécond fruid eft qu'en eftudiant ces Principes on s'accouftumera peu à peu à mieux juger de toutes les chofes qui fe rencontrent, & ainfi à élire plus Sage : en quoy ils auront vn effed contraire à celuy de la Philofophie commune ; car 5 on peut aifement remarquer en ceux qu'on appelle Pedans, qu elle les rend moins capables de raifon qu'ils ne feroient s'ils ne l'auoient jamais apprife. Le troifiéme eft que les veritez qu'ils contiennent, eftant tres-claires & très-certaines, ofteront tous fujets de lo difpute, & ainfi difpoferont les efprits à la douceur & à la concorde : tout au contraire des controuerfes de l'efchole, qui, rendant infenfiblement ceux qui les apprennent plus pointilleux & plus opiniaftres, font peut eftre la première caufe des herefies & des diften- i5 (31) tions qui trauaillent maintenant le monde. Le dernier & le principal fruid de ces Principes eft qu'on pourra, en les cultiuant, decouurir plufieurs veritez que je n'ay point expliquées; & ainfi, paflant peu à peu des vnes aux autres, acquérir auec le temps vne parfaite 20 connoiftance de toute la Philofophie & monter au plus haut degré de la Sagefte. Car, comme on voit en tous les arts que, bien qu'ils foient au commencement rudes & imparfaits, toutefois, à caufe qu'ils con- tiennent quelque chofe de vray & dont l'expérience 25 monftre l'effed, ils fe perfedionnent peu à peu par l'vfage : ainfi, lors qu'on a de vrais Principes en Phi- lofophie, on ne peut manquer en les fuiuant de ren- contrer parfois d'autres veritez ; & on ne fçauroit mieux prouuer la faufl*eté de ceux d'Ariftote, qu'en 3o difant qu'on n'a fceu faire aucun progrez par leur

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