Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/321

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Principes. — Epistre. 23

��appartiennent aux Mathématiques ne font nullement propres à entendre celles qui fe rapportent à la Metaphyfique, & au contraire, que ceux à qui celles-cy font aifées ne peuuent comprendre les autres : en forte que je puis dire auec vérité que je n'ay jamais rencontré que le feul efprit de VosTRE Altesse auquel l'vn & l'autre fuft également facile, & que par con- fequent j'ay | jufte raifon de l'eftimer incomparable. Mais ce qui augmente 0) le plus mon admiration, c'eft qu'vne fi parfaite & fi diuerfe connoiffance de toutes les fciences n'efl point en quelque vieux dodeur qui ait employé beaucoup d'années à s'inftruire, mais en vne Princeffe encore jeune, & dont le vifage reprefente mieux celuy que les Poètes attribuent aux Grâces, que celuy qu'ils attribuent aux Mufes ou à la fçauante Minerue. Enfin je ne remarque pas feulement en Vostre Altesse tout ce qui eft requis de la part de l'efprit à la plus haute & plus excellente Sageffe, mais aufTi tout ce qui peut eftre requis de la part de la volonté ou des mœurs, dans lefquelles on voit la magnanimité & la douceur jointes enfemble auec vn tel tempé- rament que, quoy que la fortune, en vous attaquant par de continuelles injures, femble auoir fait tous fes efforts pour vous faire changer d'hu- meur, elle n'a jamais pu, tant foit peu, ny vous irriter, ny vous abaiffer. Et cette fi parfaite Sageffe m'oblige à tant de vénération, que non feule- ment je penfe luy | deuoir* ce Liure, puis qu'il traitte de la Philofophie (8) qui en eft l'eftude, mais auffi je n'ay pas plus de zèle à philofopher, c'eft à dire à tafcher d'acquérir de la Sageffe, que j'en ay à eftre,

Madame,

de Voftre" Alteffe

Le tres-humble, tres-obeiffant & tres-deuot feruiteur,

��Descartes.

��a. Suppléer ; « dédier et consacrer » ?

b. « De voftre Voftre » (i" édit.).

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