Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/366

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68 OEuvRES DE Descartes.

69 eft éuident qu'on ne içauroit oller aucune partie | d'vne telle gran- deur, ou d'vne telle extenfion, qu'on ne retranche par mefme moyen tout autant de la chofe; & réciproquement, qu'on ne Içauroit retran- cher de la chofe, qu'on n'orte par mefme moyen tout autant de la grandeur ou de l'extenfion.

g. Que la fubftance corporelle ne peut ejlre clairement conceuë fans/on extenfion.

Si quelques vns s'expliquent autrement fur ce fujet, je 'ne penfe pourtant pas qu'ils conçoiuent autre chofe que ce que je viens de dire. Car lors qu'ils diltinguent la fublLance d'auec l'extenfion & la grandeur, ou ils n'entendent rien par le mot de fubftance, ou ils forment feulement en leur efprit vne idée confufe de la fubftance immatérielle, qu'ils attribuent fauli'einent à la fubftance matérielle, & laiffent à l'extenfion la véritable idée de cette fubftance mate- riellCj qu'ils nomment accident, Ji improprement qu'il e/l aifé de connoijire que leurs paroles n'ont point de rapport auec leurs penfées.

10. Ce que c'ejl que l'efpace ou le lieu intérieur.

L'efpace, ou le lieu intérieur, & le corps qui cft compris en cet efpace, ne font differens aulfi... que par noftre penfée. Car, en effet, la mefme eftenduë en longueur,, largeur & profondeur, qui conftituë l'efpace, conftituë le corps; & la différence qui eft entr'eux ne con- fifte qu'en ce que nous attribuons au corps vne eftenduë particu- lière, que nous conceuons changer de place auec luy toutes fois &

70 quantes qu'il eft | Iran/porté, & que nous en attribuons à l'efpace vne fi générale & Ji vague, qu'après auoir ojlé d'vn certain efpace le corps qui l'occupoit, nous ne penfons pas auoir aulfi tranfportc l'eftenduê de cet efpace, à caufe qu'il nous femble que la mefme eftenduë y demeure touf-jours, pendant qu'il eft de mefme grandeur, de mefme figure, & qu'il n'a point change de fituation au regard des corps de dehors par lefquels nous le déterminons.

/ /. En quel fens on peut dire qu'il n'ejl point différent du corps

qu'il contient.

Mais il fera aifé de connoiftre que la mefme eftenduë qui conftituë la nature du corps, conftituë aufli la nature de l'efpace, en forte

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