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��Principes. — Troisiesme Partie. 115

eftre meu, & non par ceux qui font extrêmement éloignez, comme font les Eftoiles fixes au regard de la Terre; & fi on le prend selon l’vfage, on n’a point de raifon pour fe perfuader que les Eftoiles foient ftables pluftoft que la Terre, fi ce n’eft peut eftre qu’on s’imagine qu’il n’y a point d’autres corps par delà les Eftoiles qu’elles puiffent quitter, & au regard defquels on puifl’e dire qu’elles fe meuuent, & que la Terre demeure en repos, au mefme fens qu’on prétend pouuoir dire que la Terre fe meut au regard des Eftoiles fixes. Mais cette imagination feroit fans fondement, pource que noftre penfée eftant de telle nature, qu’elle n’aperçoit point de limites qui bornent l’vniuers, quiconque prendra garde à la grandeur de Dieu & à la foiblefle de nos fens, jugera qu’il eft bien plus à propos de croire que peut eftre, au delà de toutes les Eftoiles que nous voyons, il y a d’autres corps au regard defquels il faudroit dire que la Terre eft en repos & que les Eftoiles fe meuuent, que de fuppofer que la puiffance du Créateur eji fi peu parfaite, qu’il n’y en Içauroit auoir de tels, aiufi que doiiieut supposer ceux qui ajfurcvt eu cette façon que la Terre se meut. Que Ji ueautmoius cy-apres, pour uous accommoder à l’i'fage, nous femblons attribuer quelque mouuement à la Terre, il faudra penfer que c’ejl en parlant improprement, & au mefme fens que l’on peut dire quelquefois de ceux qui dorment & font couche^ dans vn raijjeau, qu’ils pajjent cependant de Calais à Douure, à cause que le raiffeau les y porte.


30. Que toutes les Planètes sont emportées autour du Soleil par le Ciel qui les contient.


Apres auoir ofté par ces raifonnemens tous les scrupules qu’on peut auoir touchant le mouuement de la Terre, penfons que la matière du Ciel où font les Planètes, tourne fans ceffe en rond, ainfi qu’vn tourbillon qui auroit le Soleil à Ion centre, & que fes parties qui font proches du Soleil fe meuuent plus vite que celles qui en font éloignées yw/^i/es à vue certaine dijîance, & que toutes les Planètes (au nombre defquelles nous mettrons déformais la Terre) demeurent touf-jours fufpenduës entre les mefmes parties de cette matière du Ciel. Car par cela feul, & fans y employer d’autres machines, nous ferons aifement entendre toutes les chofes qu’on remarque en elles. D’autant que, comme dans les deftours des riuieres où l’eau fe replie en elle-mefme, & tournoyant ainft fait des cercles, fi quelques feftus, ou autres corps fort légers, flotent parmy cette eau, on peut voir qu’elle les emporte & les fait mouuoir en | rond 144