Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/554

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2^6

��Œuvres de Descartes.

��plus greffes, en telle forte que les parties qui font def-ja embrafées puiffent les feparer de ce corps, & aufli des parties du fécond élé- ment qui font proches d'elles, afin de leur donner par ce moyen la forme du feu.

102. Pourquoy lajiame de l'eau de vie ne briijle point vn linge moUillé

de cette me/me eau.

le dis qu'il faut que ce corps ait en foy des parties affez déliées, à comparaifon du feu qu'elles doiuent entretenir, pource qu'elles ne pourvoient r feruir, fi elles efioicnt fi grojfes qu'elles ne pùffent efire meuës & feparées par les parties du troifiéme élément qui compofent

372 ce feu, & qui ont d'autant moins de force \ qu'elles font plus déliées Comme on voit, ayant mis le feu en de l'eau de vie dont vn linge elt mouillé, que ce linge. . . n'en peut eftre hruflé, ny par confequent nourrir ce feu : dont la raifon eÛ que les parties de la flame qui vient de l'eau de vie, font trop déliées & trop faibles pour mouuoir celles du linge ainfi mouillé.

io3. D'où vient que l'eau de vie bru/le facilement.

l'adjoufie qu'elles doiuent efire jointes en telle forte, que le feu les puijj'e feparer les vnes des autres, & auffi des parties du fécond élé- ment qui font proches d'elles. Et afin qu'elles puiffent efire feparées les vnes des autres, ou bien elles doiuent c/lre fi petites & fi peu jointes enfemble, qu'encore que la/lame ne touche que la fuperficie du corps qu'elles compofent, fon aâion jufiije pour les tirer de cette fuperficie l'vne après l'autre : & c'efi ainfi que brufie l'eau de vie; mais le linge efi compofé de parties trop groJJ'es & trop bien jointes pour efire feparées en mef ne façon. Ou bien il doit y auoir plufieurs pores en ce corps, qui foient aj[e\ grands pour receuoir les parties de la fiame, afin que les parties de la fiame, coulant autour des fiennes, a/ent plus de force à les feparer : & pource qu'il y a quantité de tels pores dans le linge, de là vient qu'il peut aifement efire brufié, mefme par la fiame de l'eau de vie, lors qu'il n efi point du tout moïiillé; mais

373 lors qu'il efi moi'iillé, en\core que ce nejoit que d'eau de vie, les parties de cette eau qui ne font point enfiamées rempliffent fes pores, & ainfi empefchent celles de la fiame, qui efi au dcff'us, d'y entrer. De plus, afin que les parties du corps, qui fer t à entretenir le feu, puiffent efire feparées du fécond élément qui les enuironne, ou bien elles doiuent efire affe'i fermement jointes les vnes au.x autres, en forte que les par-

�� �