Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/560

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202 Œuvres de Descartes.

de fort petits cercles, puis, tendant à en décrire de plus grands, elles font effort toutes enfemble pour rompre les parties du charbon qui les retiennent, au moyen de quoy tout le grain s'enflame. Et bien que le temps qui eft requis pour toutes ces chofes foit extrêmement court, fi on le compare auec des heures ou des journées, en forte qu'il ne nous efl prefque point fenfible, il ne lailfe pasd'eftre affez long, lors qu'on le compare auec l'extrême viteffe dont la flame qui fort ainfi d'vn grain de poudre s'eftend de tous coftez en l'air qui l'enuironne. Ce qui eft caufe que, par exemple, lors qu'vn canon efl: chargé, la flame de l'amorce, ou des premiers grains de poudre qui prennentfeu, a loifirde s'eftendre en tout l'air qui eft autour des autres grains, & de les toucher tous, auant qu'il y en ait aucun qui s'enjlame; puis 382 incontinent après, bien que les plus pro\ches de la lumière foient les premiers difpofei à s'enflamer, toutefois, à caife qu'en fe dilatant ils ébranlent les autres, & leur aj'dent à fe rompre, cela fait qu'ils s'en- flament & fe dilatent tous en vn mefme inftant, au moyen de quoy toutes leurs forces jointes enfemble chaffent la baie auec très-grande vitejfe. A quoy la refiftance que font les parties du charbon fert beaucoup, à caufe qu'elle retarde, au commencement, la dilatation des parties dufalpetre, ce qui augmente, incontinent après, la viteffe dont elles fe dilatent. Il fert aufll que la poudre foit compofée de grains, & mefme que la grojfeur de ces grains & la quantité du charbon foit proportionnée à la grandeur du canton, afin que les interualles que ces grains laiffent entr'eux, foient affez larges pour donner paffage à la flame de l'amorce, & faire qu'elle ait loifir de s'eftendre par toute la poudre, & de paruenir jufques aux grains plus éloigne^, atiant qu'elle ait embrafé les plus proches.

1 16. Ce qu'on peut juger des lampes qu'on dit auoir conferué leur flame

durant plufieursfiecles.

Apres le feu de la poudre, qui eft l'vn de ceux qui durent le moins, confiderons fi, tout au contraire, il peut y auoir quelque feu qui dure fort long temps, fans auoir befoin de nouuelle matière pour s'entretenir: comme on raconte de certaines lampes qu'on a trouuées ardentes en des tombeaux..., lors qu'on les a ouuerts après I qu'ils auoient ejlé fennec plufieurs fiecles'. le ne veux point eflre

a. Edition princeps : 385, faute d'impression.

b. Note MS. (de Legrand?) : « V. la lettre de M. le Roy a M. Desc. » dattée du 9 feurier 1644, cy aprez dans les fragmens. » — Voir Carres^ pondance, t. IVj p. 97.

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