Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/563

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Principes, — Quatriesme Partie. 265

fort clairement par la Chymie. Car, outre celles qui font fi mobiles & fi petites qu'elles ne compofent, eftant feules, aucun autre corps que de l'air, il y en a d'autres, tant foit peu plus grojjes, qui fortent fort aifément hors de ces corps : à fçauoir celles qui, eftant ramaffées & jointes enfemble par le moyen d'vn alembic, compofent des eaux de vie.... telles qu'on a couftume de les tirer du vin, du bled, & de quantité d'autres matières. Puis M y en a d'autres, vn peu plus grojfes, dont fe compofent les eaux douces & infipides, qu'on tire auffi, par diftillation, hors des plantes ou des autres corps. Et il y en a encore d'autres, vn peu plus grojfes, qui compofent les eaux fortes. ., & fe tirent des fels auec grande violence de feu.

\ 121. Comment on tire attjfi des Jublime^ & des huiles

Derechef, il y en a qui- font encore plus groffes : à fçauoir, celles des fels, lors qu'elles demeurent entières, & celles de l'argent vif, qui, eltant éleuées par l'adion d'vn affez grand feu, ne demeurent pas liquides, mais, s'attachant au haut du vaiffeau qui les contient, y compofent des fublimez. Les dernières, ou celles qui fortent auec plus de difficulté des corps durs & fecs, font les huiles ; & ce n'elt pas tant par la violence du feu, que par vn peu d'induftrie, qu'elles en peuuent eflre tirées. Car, d'autant que leurs parties font fort déliées, & ont des figures fort embarajantes, l'adion d'vn grand feu les feroit rompre, <& changeroit entièrement leur nature, en les tirant auec force d'entre les autres parties des corps où elles font. Mais on a couftume de tremper ces corps en vne grande quantité d'eau commune, dont les parties, qui font vnies & gliffantes, s'infi- nuent/orf aifément dans leurs pores, & en détachent peu à peu les parties des huiles... ; en forte que cette eau, montant par après par l'alembic, les amené toutes entières auec foy.

122. Qu'en augmentant ou diminuant la force du feu, on change fouuent fon effet.

Or, en toutes ces diftillations,le degré du feu fe doit obferuer ; car, felon'qu'on le fait plus ou moins ardent, les effets qu'il produit font diuers. Et il y a plufieurs corps qu'on peut rendre fort fecs, & par après tirer d'eux diuerfes li\queurs par difîillation, lors qu'on les expofe au commencement à vn feu lent, lequel on augmente après peu à peu, qui feroient fondus d'abord, en forte qu'on ne pourroit tirer d'eux les mefmes liqueurs, s'ils eftoient expofez... à vn grand feu. Œuvres. IV. ^^

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