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298 OEuvRES DE Descartes.

receuoir les parties canelées, au lieu que l'aymant el^ apefanti par la matière dejîituée de ces pores dont il a coujliime d'ejîre compojé.

772, Pourquoy il foujiient plus de fer lors qu'il ejl arméj que lors qu'il ne l'ejl pas '.

Mais il y en a plufieurs qui admirent qu'vn aymant eftant armé, 440 c'eft à dire, ayant quelique morceau de fer attaché à l'rn de f es pôles , puiffe, par le mojen de ce fer, fouftenir beaucoup plus d'autre fer, qu'il ne feroit eftant defarmé. De quoy neantmoins on peut affe^ facilement découurir la caufe, en remarquant que, bien que fon armure luy aj-de à fouftenir le fer qu'elle touche, elle ne luy ayde point en mefme façon à faire approcher celuy dont elle eft tant foit peu feparée; ny mefme à le fouitenir, quand il y a quelque chofe entre luy & elle, encore que ce ne feroit qu'vne fueille de papier fort déliée. Car cela monftre que la force de l'armure ne confifte en autre chofe, finon en ce qu'elle touche le fer d'autre façon que ne peut faire l'aymant : à fçauoir, pource que cette armure eft de fer, ■ tous fes pores fe rencontrent vis à vis du fer qu'elle fouftient, & les parties canelées qui palTent de l'vn en l'autre de ces fers... chafl"ent tout l'air qui eft entre-deux, faifant par ce moyen que leurs fuper- ficies fe touchent immédiatement, & c'eft en cette forte d'attouche- ment que... confifte la plus forte liaifon qui puiffe joindre deu.x corps l'vn à l'autre, ainfi qu'il a efté prouué cy-delïus. Mais, à caufe de la matière non métallique qu'x a couflume d'eftre en l'aymant, fes pores ne peuuent ainfi fe rencontrer juftement vis à vis de ceux du fer; c'eft pourquoy les parties canelées qui [orient de l'vn n-e 44i I peuuent entrer en l'autre, qu'en coulant quelque peu de biais entre leurs fuperf des; & ainfi, encore qu'elles les facent approcher l'vn de l'autre, elles empefchent neantmoins qu'ils ne fe touchent tout à fait, à caufe qu'elles retiennent entre-deux autant d'efpace qu'il leur en faut pour couler ainji de biais des pores de l'vn en ceux de l'autre.

Ij3. Comment les deux pôles de l'aymant s'aident l'vn l'autre à fouftenir le fer '.

Il y en a aufli quelques-vns qui admirent que, bien que les deux pôles d'vn mefme aymant ayent des vertus toutes contraires, en ce

a. Propriété 23, p. 282.

b. Partie II, art. 55, p. 94.

c. Propriété 24, p. 282.

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