Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/611

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Principes. — Qijatriesme Partie. )i}

noms de dureté, pefanieiir, chaleur, humidité, & femblables, qui ne r,mii fient rien autre chofe,finon qu'il y a en ces corps ce qui ejt requis pour faire que nos nerfs excitent en no/ire ame les fentmens de la dureté, pefanteur, chaleur, &c. Outre cela, lors | que ces nerfs font meus vn peu plus fort que de couftume, & toutefois en telle lorte que noftre corps n'en ell aucunement endommagé, cela fait que l'ame fent le chatouillement qui ejl aujfi en elle me penfée confufe; & cette penjée lui eÛ naturellement agréable, d'autant qu'elle luy rend tefmoignasîe de la force du corps auec lequel elle ett jointe, en cequil veut Souffrir l'aâion qui caufe ce chatouillement fans eftre offenfe. Mais, fi cette mefme action a tant fait peu plus de force, en forte qu'elle offenfe noftre corps en quelque façon, cela donne a nojlre ame le fenliment de la douleur. Et ainfi on voit pourquoy la volupté du corps & la douleur font en l'ame des fentimens entièrement contraires, nonobftant que/o««eHf l'vn fuiue de l'autre, & ^we leurs caufes foient prefque femblables.

ig2. Du gouji.

Le fens qui eft le plus groffier, après l'attouchement, ejî le goufl, lequel a pour organe les nerfs de la langue & des autres parties qui luy font voifines, â pour objet les petites parties des corps terreltres, lors qu'eftant feparées les vnes des autres, elles nagent dans la laliue qui humeâe le dedans de la bouche : car, félon qu'elles font différentes en figure, en grojfeur, ou en mouuement, elles agitent diuerfement les extremitez de ces nerfs, & par leur moyen font fenttr a l ame toutes fortes de goufls differens.

\ig3. De l'odorat.

Le troifiémeejl l'odorat, qui a pour organe deux nerfs, lefquels ne femblent eftre que des parties du cerueau qui s'auancent vers le nei pource qu'ils ne fortent point hors du crâne; & il a pour objet les 'petites parties des corps terreftres qui, eftant feparées les vnes des autres, voltigent par l'air, non pas toutes indifféremment, mais feulement celles qui font aftcz fubtiles & pénétrantes pour entrer... par les pores de l'os qu'on nomme fpongieux, lors qu'elles font atti- rées auec l'air de la refpiration, & aller mouuoir les extremitez de ces nerfs : ce qu'elles font en autant de différentes façons que nous fentons de différentes odeurs.

Œuvres. IV. 7'

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