Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/267

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DXXXIII. — 12 Décembre 1648. 25^

le loijir du chemin, elle Je donna entièrement à la leéîure. Je portay vos Principes de la Philofophie. Je luy lus la préface. Elle ouvrit le livre par endroits, & demeura fort penjîve pendant quelques jours. Je connus ce qui la faifoit 5 rêver ; & comme j'ofay bien luy dire qu'il me fembloit qu'elle fe trouvoit en peine entre le dejir de s'injlruire dans cette Philofophie & les difficulté'^ qu'elle auroit à l'acquérir, elle m'avoua que j'avois deviné ce qui luy donnoit du foucy. Je luy confeillay d'achever à loifir

10 quelques autres études quelle s'étoit propofées, & cepen- dant de commander à M. Freinfhemius, fon Hiflorio- graphe, trés-honnête homme & fçavant, dont elle fe fer t pour fon fou lagement dans la leclure, qu'il s'injlruife de vos Principes aujji parfaitement qu'il luy fera poffible,

i5 afin que, fa Majefié venant enfuite à les lire, elle foit

fecouruë dans les difficulté!^ qui la pourroient ennuier,Jî

elle s'attachoit feule à cette étude. Mon avis luy plut. A

fon retour elle a donné l'ordre à M. Freinfhemius. Et

parce qu'il a reconnu qu'il auroit lui-même befoin d'un

20 compagnon dans ce chemin, j'ay été prié de faire cette leélure en même têms. De forte, Monfeur, qu'une des principales parties de mes offices confijlant a n'être point defagréable au Souverain auprès duquel ie fers nôtre Maître, il ejî arrivé que c'efl aujourd'huy une des fon-

2 5 éiions de la Réfdence en Suéde de lire & d'étudier vôtre Philofophie. Je vous avoue que j'avois befoin que cette obligation fe joignît à ma curiof té, parce que, me trou- vant engagé dans la vie civile, je faifois fcrupule de di' vertir mes penfées à ces abjlraélions . La réjolution de la

3o Reine de Suéde ejl de prendre vôtre livre auffi-tôt que nous l'aurons achevé; & lorfque, dans le cours de la

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