Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/296

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282 CoKlM'ISi'ONDANCK. I, «2-s:;.

prendre la funeftc conclufion des Tragédies d'Angle- terre *; mais ie me promets que voftre Alteffe, eftant acoutujmée aux difgraees de la Fortune, & s'eftant veuë foy-mefme depuis peu en grand péril de fa vie, ne fera pas fi furprife, ny fi troublée, d'aprendre la 5 mort dVn de fes proches, que 11 elle n'auoit point receu auparauant d'autres afflidions. Et bien que cette mort fi violente femble auoir quelque ciiofe de plus affreux que celle qu'on attend en fon lit, toutesfois, à le bien prendre, elle ellplus glorieufe, plus heureufe lo & plus douce, en forte que ce qui afflige particulière- ment en cecy le commun des hommes, doit feruir de confolation à V. A. Car c'eft beaucoup de gloire de mourir en vne occafion qui fait qu'on eft vniuerfelle- ment plaint, loué & regretté de tous ceux qui ont i5 quelque fcntiment humain. Et il eft certain que, fans cette épreuue, la clémence & les autres vertus du Roy dernier mort n'auroient iamais efté tant remarquées ny tant eftimées qu'elles font & feront a l'auenir par tous ceux qiii liront fonhiftoire. le m'affure auffi que 20 fa confcienceluy a plus donné de fatisfaélion, pendant les derniers momens de fa vie, que l'indignation, qui eft la feule paffion trifte qu'on dit auoir remarquée en luy, ne luy a caufé de fafcherie. Et pour ce qui eft de la douleur, ie ne la mets nullement en conte; car ^5 elle eft fi courte, que, fi les meurtriers pouuoient em- ployer la fièvre, ou quelqu'autre des maladies dont la nature a coutume de fe feruir pour ofter les hommes du monde, on auroit fuiet de les eftimer. plus cruels qu'ils ne font, lors qu'ils les tuent d'vn coup de hache. 3o Mais ie n'ofe m'arrefter long-temps fur vn fuiet fi fu-

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