Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/487

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DLXXXVI. — lo Février 16^0. 475

» quelques autres sur le mesme dessein, qu'il ne m'enuoyoit pas, pour ce » qu'elles ne pouuoient estre entendues sans celles de Vostre Altesse » Royalle, qu'il ne me pouuoit communiquer que par sa permission; » mais qu'il vous la demanderoit quelque jour, et qu'alors j'en pourrois » offrir la lecture a la Reine de Suéde, pour laquelle j'auois principalle- » ment désiré ces lettres sur cette matière. Je ne doute point qu'entre ses » papiers, je ne trouue les minuttes de celles qu'il diHera lors de me » donner. Ce nous sera neamoins [sic] vn bien inutile, puisque leur intel- » ligence dépend de celles de vostre Altesse Royale; au lieu que, si nous » auions la suitte de ce que vous aués pensé sur cette haute méditation, et » les responses qu'il a faites, il y auroit de quoy en faire vn très vtile pre- » sent, sinon au public, au moins a la Reine de Suéde, qui sçait bien » donner le juste prix aux ouurages de ce mérite, et qui, voyant partout » la vertu sans enuie, seroit très aise d'estre confirmée par son propre » iugement dans l'estime singulière qu'elle fait de la personne de vostre » Altesse Royale. Nous pourrions adiouster a ces rares lettres celles qu'il » m'escriuit aussy, il y a deux ans, en réponse de cette mesme question du » Souverain Bien et de deux autres presque aussy importantes que ie luy » auois proposées, sa Maiesté l'ayant ainsy désiré* . Vostre Altesse Royale » voit que, sans entreprendre iusqu'icy de l'en prier, ie luy représente des » raisons assés considérables pour la persuader de nous donner la copie » de ces lettres qui concernent ce particulier entretien du Souverain » Bien, qui ne peut avec raison demeurer particulier, puisque tous les » hommes ont droit de prétendre leur part en la chose dont il traicte. »

« Mais, après les raisons publiques, i'oseray. Madame, vous supplier » de me faire cette mesme grâce sous telles conditions qu'il plaira a » vostre Altesse Royalle, afin que l'obéissance que ie luy rends auec vne » si exacte fidélité, soit recompensée par la chose mesme où je l'exerce ; et » que mon esprit, priuc des lumières qu'il attend dé ces bonnes lettres, ne » reproche point a ma volonté qu'elle s'est donnée des loix trop seueres, » et que j'ay obseruées auec d'autant plus de peine qu'après auoir receu » la lettre dont il a pieu a vostre Altesse Royale m'honorer, je connois » mieux la valeur du bien qui m'eschappe. Je soumets pourtant ma sup- » plication a ce qu'il plaira a vostre Altesse Royale d'en résoudre, et ie » luy demande mesme pardon d'auoir osé l'importuner iusqu'a ce point. » « Il me reste, Madame, a satisfaire a ce que vous auez désiré si,auoir » touchant les derniers iours de M. Descartes. La fieure luy monta » d'abord au cerueau et luy osta le iugement de son mal, sans qu'il y » eust autre égarement en son discours iusqu'a la fin, sinon qu'il ne » creut point les sept premiers iours auoir la fieure. Sur la fin du sep- » tiesme, la chaleur quittant un peu la teste et s'estendant partout, il » reconnut incontinent qu'il s'estoit abusé, en marqua luy mesme la cause

a. Lettre CDLXVIII, t. IV, p. 600, et lettres CDLXXXVIII, CDXCVI et DXVI, ci-avant, t. V, p. 5o, 86 et 182.

Correspondance. V. 60

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