Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/494

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��Correspondance.

��» mesme par le pauure M, Descartes qui auoit pris la peine de s'en infor- » mer auprès du Bibliothécaire de S. M. Je supplie V. E. d'aggreer que » ie cerche chez les estrangers la ciuilité que ie n'ay pu trouuer chez » ceux de ma nation, et qu'il lui plaise m'oster de l'inquiétude où ie » viuray iusqu'à ce qu'elle aura pris la peine de me faire comprendre que » la liberté dont i'use en son endroit ne luy a pas déplu iusqu'au dernier » point. l'attends cette faueur aueq mesme impatience que l'honneur de » ceux de vos commandements qui me puissent trouuer capable de témoi- » gner par les effets de mes. . . comme véritablement ie suis. . . «(Amster- dam, Bibl. de l'Acad. des Sciences, Lettres franc. MS. de Constantin Huygens.)

Les inscriptions, dont parle ici Huygens, sont, semble-t-il, différentes de celles qui ont été mises sur le tombeau de Descartes, et que Chanut a composées lui-même. — On s'étonne d'ailleurs que Huygens, qui men- tionne tant de menus faits dans son Dagboek, ait omis, en février i65o,la mort de son ami- Descartes, qu'il parait regretter si sincèrement en cette lettre, bien que sous une forme assez singulière.

A défaut des vers de Huygens père, sur la mort de Descartes, en voici de son tils cadet, Christian Huygens, envoyés par celui-ci à son aine Constantin, le 29 mars i65o (voir ci-avant, p. 340, éclaircissement) :

c< Epitaphe de Des Cartes par Ch. Huygens. »

« Sous le climat glacé de ces terres chagrines, » Où l'hiver est suivi de l'arriere-saison, » Te voici sur le lieu que couvrent les ruines » D'un fameux bastiment qu'habita la Raison.

» Par la rigueur du sort et delà Parque infâme, » Cy gist Descartes au regret de l'Univers. » Ce qui servoit jadis d'interprète a son ame, » Sert de matière aux pleurs et de pâture aux vers.

» Cette ame qui tousjours, en sagesse féconde,

» Faisoit voir aux esprits ce qui se cache aux yeux,

» Après avoir produit le modèle du monde,

» S'informe désormais du mystère des cieux.

» Nature, prends le deuil, viens plaindre la première » Le Grand Descartes, et monstre ton desespoir ; >> Quand il perdit le jour, tu perdis la lumière : » Ce n'est qu'a ce flambeau que nous t'avons pu voir. »

« Christ. Huygens, i65o. »

[Œuvres de Christian Huygens., t. I, p. 125, La Haye, Nijhotf, 1888.)

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