Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/503

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DLXXXVI. — lo Février 1650. 489

» passé en Suéde, où il étoit devenu premier Médecin de la Reine Chris- » «ne. Il avoit contracté des habitudes très particulières avec M. Chanut, » lorsque celuy-cy n'étoit encore que Résident à Stockholm ; et joignant » ce qu'il sçavoit d'ailleurs de la Physique de. M. Descartes avec ce que I) ce Résident luy fit voir de sa Morale touchant le Souverain Bien, il » s'étoit déclaré Cartésien, avant que d'en avoir vu l'Auteur. Lorsque » M. Descartes tomba malade, il étoit allé pour quelques semaines recon- » noîti'e et faire valoir un bien, que la Reine de Suéde luy avoit donné » dans l'Archevêché de Brème, et qui avoit fait partie du revenu des Re- » ligieuses du Monastére-neuf ou New-munster de la ville même [en » marge : Tom. I des nég. de Suéde, p. Soç], jusqu'au changement d'ad- » ministration autorisé par la paix de Munster dans cet Archevêché en » faveur des Suédois. Au défaut de ce premier Médecin, la Reine ordonna » à celuy qui suivoit, de le voir et de le gouverner pendant toute sa ma- ■K ladie. C'étoit un Hollandois nommé M. Weulles, ennemi juré de » M. Descartes dés le tcms de la guerre que les Ministres et les Théolo- » giens d'Utrecht et de Leyde luy avoient déclarée. [En marge : Rélat. » MS. de M. Picq , etc.] Il s'étoit rendu l'un des plus ardens à traverser » sa venue en Suéde, appréhendant pour sa réputation et son crédit, sur » l'opinion de ceux qui décrioient nôtre Philosophe comme l'adversaire » de lavMédecine ordinaire: Et pendant les quatre mois du séjour de » M. Descartes à la Cour de Suéde, M. Weulles s'étant ligué avec » quelques Péripatéticiens et quelques Grammairiens, ne s'étoit étudié » qu'à luy rendre de mauvais offices, et avoit mis en usage tout ce qu'il » avoit jugé capable de luy nuire. Ce Médecin, sçachant ce qu'il devoit à » la Reine et à l'intégrité de sa profession, alla déclarer sa commission à » M. Chanut, et offrir ses services au malade, qui étoit déjà sur la fin du » second jour de son mal. [En marge : Lettr. ,MS. de Weulles à Guil- » laume Pison du 12 Février i65o. Lettr. MS. de Chanut à Picot, du » Il Fév. l65o.] M. Chanut l'informa exactement de toutes choses, avec » la confiance qu'il auroit eûë pour M. du Ryer. Il luy marqua qu'il » n'avoit voulu prendre ni remède ni nourriture, ni même aucune pti- » sanne ou autre boisson rafraîchissante, depuis le premier jour de sa » maladie [en marge : Rélat. de Picq. Bel., etc.] ; qu'il avoit presque tou- » jours été assoupi jusqu'à la lin du second jour, sans sentir son mal; i> que, dans les intervales de son réveil, on luy avoit proposé la saignée » comme un remède nécessaire, mais qu'il l'avoit toujours refusée, ne » croyant avoir qu'un rhumatisme. Le troisième jour, qui étoit celuy au- » quel M. Weulles vint le voir par le commandement de la Reine, la » fièvre, qui n'avoit été qu'interne jusque-là, commença à faire paroîtrc sa » violence. Il ne put plus reposer; et l'inflammation, qui augmentoii lou- » jours dans son poumon, luy causa des agitations qu'on ne put arrêter. » Quoiqu'il eut refusé de voir aucuns Médecins les deux jours pré- » cédens, par la crainte de tomber entre les mains des charlatans ou des » ignorans, il consentit néanmoins, par respect pour la Reine et par Correspondance. V, âa

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