Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/639

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(lo-n) Tome I. 625

» quelques imparfaites que puiffent eftre fes réponfes, i'ofe affurer » qu'elles valent encore mieux que tout ce que les autres ont pu » donner fur les mefmes queflions en des liures entiers. »

« A ce propos, ie croy qu'il eft de l'honneur de Monfieur Defcartes,. » de faire remarquer aux Lecteurs la familiarité & correfpondance » des lettres qu'il a eu auec Monfieur le Roy, Profeffeur en Mede- » cine en l'Vniuerfité d'Vtrech, afin que tout le monde fçacheauec » quelle franchife il luy communiquoit fes penfées. Cac à dire le » vray, s'il ne s'en eflôit point écarté, & s'il n'auoit point prefumé » voir plus clair que fon Maiflre, on auroit pu efperer de fon génie, » de voir Monfieur Defcartes comme reffufcité en luy; mais, l'amour » de fes propres inuentions l'ayant ieité dans l'erreur, Monfieur Def- » cartes a efté obligé de le def-auoiier entièrement", de peur que » ceux qui eftoient preuenus de la créance qu'il n'enfeignoit que fes » opinions, ne vinfent à luy attribuer fes erreurs. Et certainement » il y a de quoy s'étonner, qu'vn homme comme luy, qui femble » eflre fi clair-voyant en toute autre chofe, n'ait pu s'empefcher de » faillir lourdement comme il a fait, toutes les fois qu'il a voulu » quitter Monfieur Defcartes pour fuiure fes propres imaginations; » ce qu'il ne me feroit pas difficile de faire voir icy par le dénom- » brement entier de toutes fes fautes, fi c'eftoit le lieu de le faire, " Et pource que l'vne des plus confiderables où il foit tombé, eit » celle. qui regarde la Nature de nos Ames; pour faire voir que ce » n'a point efté fans grande raifon que Monfieur Defcaries l'a def- » auoiiée, i'ay voulu mettre icy la verfion que i'ay faite autrefois, de » la réponfe de Monfieur Defcartes " à vn certain Placart de Monfieur » le Roy, qui contient en forme de Thefes fes principales alTertions, » ou erreurs, touchant la Nature de nos Ames, afin de rendre tout » le monde capable d'en iuger. Mais vne des chofes qui m'a le plus » furpris, eft que Monfieur le Roy ayant en la première édition de » fon Hure, intitulé Fundamenta phyfices, rendu à Monfieur | Def- » cartes viuant vne partie de l'honneur & de la reconnoiffance qu'il » luy deuoit, par les éloges dont il l'auoit honoré, & par les témoi- » gnages qu'il auoit rendus de l'eftime finguliere qu'il faifoit de fon » mérite, pour lequel il auoit alors tant de refpefl, que iamais il ne » s'éloignoit de fes fentimens fans crainte et fans regret; neantmoins, » dans la féconde édition qu'il en a faite, il a entièrement fuprimé » le nom de fon Maiftre, & en a retranché tous les éloges qu'il luy

a. Lettre CDLXXII, t. IV, p. 625, et Principia Philosophiœ, préface, fin,

b. Voir t. V, p. no, éclaircissement.

Correspondance. V. 79

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