Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/67

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I. .-- = ... CDLXXXVJIl. - 6 Juin 1647. V?

blement créé aiiaiu vn temps iiidelinv, à caul'c que 1 exiftencc aduclle ou véritable que le monde a eiie depuis cinq ou iix mil ans, n'e(l pas necefiairement iointe auec rexiftence poffible ou imaginaire qu'il a 5 pu auoir auparauant; ainli que rexillence aâ:uelle des efpaces qu'on conçoit autour d'vn globe (c'ell à dire du monde fuppofé comme //;/j) e(l iointe auec l'exif- tence aduelle de ce mefme globe. Outre cela, û de l'étendue indéfinie du monde on pouuoit inférer Te-

10 ternité de fa durée au regard du temps paffé, on la pourroit encore mieux inférer de l'éternité de la durée qu'il doit auoir à l'auenir. Car la foy nous enfeigne que, bien que la terre c*^ les cieux périront, c'ed à dire changeront de face, toutesfois le monde,

i5 c'eft à dire la matière dont ils font compofez, ne périra iamais; comme il paroifl; de ce qu'elle promet vne vie éternelle à nos corps après la refurredion, & par confequent auffi au monde dans lequel ils feront. Mais, de cette durée infinie que le monde

20 doit auoir à l'auenir, on n'infère point qu'il ait eûé cy-deuant | de toute éternité, à caufe que tous les momens de fa durée font independans les vns des autres.

Pour les prerogatiues que la Religion attribue à

2 5 l'homme, & qui femblent difficiles à croire, fi l'étendue de rVniuers efl fupofée indéfinie, elles méritent quelque explication. Car, bien que nous puifîions dire que toutes les chofes créées font faites pour nous, en tant que nous en pouuons tirer quelque vfage, ie ne

3o fçache point neantmoins que nous fovons obligez de croire que l'homme foit la fin de la Création. Mais il

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