Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je ne connais au monde que deux sortes de corps dans lesquels la Lumière se trouve, à savoir les astres,&la Flame ou le Feu. Et parce que les Astres sont sans doute plus éloignez de la connaissance des hommes, que n’est le feu ou la flame, je tâcherai, premièrement, d’expliquer ce que je remarque touchant la Flame.

Lors qu’elle brûle du bois,ou quelqu’autre semblable matière, nous pouvons voir à l’oeil, qu’elle remue les petites parties de ce vois, et les sépare l’une de l’autre, transformant ainsi les plus subtiles en feu, en aire, et en fumée, et laissiant les plus grossières pour les cendres. Au’un autre donc imagine, s’il veut,en ce bois, la Forme du feu, la Qualité de la chaleur, et l’Action qui le brûle, comme des choses toutes diverses; pour moi qui crains de me tromper si j’y duppose quelque chose de plus que ce que je vois necessairement y devoir être, je me contente d’u concevoir le mouvement de ses parties. Car mettez-y du feu, mettez-y de la chaleur, et faites qu’il brûle, tant qu’il vous plaira: si vous ne supposez point avec cela, qu’il y ait aucune de ses parties qui se remue,ni qui se détache de ses voisines, je ne me saurais imanginer qu’il reçoive aucune alteration ni changement. Et au contraire, offez-en le feu, offez-en la chaleur, empêchez qu’il ne brûle:pourvue seulement que vous m’accordiez qu’il y a quelque puissance, qui remue violemment les plus subtiles de ses parties, et qui les sépare des plus