Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/142

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et des principaux, qui y avaient leur culte assez libre, quoique en maisons privées[1] » ; il s’y trouva même, précisément vers 1640, un Jésuite et un Oratorien : on a le nom de celui-ci, Ellequens. Enfin, Egmond, que Descartes habita de 1643 à 1649, était peut-être le pays le plus catholique de la Hollande, ainsi qu’Alckmar et Harlem : on pouvait même, dans cette dernière ville, faire ses dévotions devant une image de la Vierge, en récitant les litanies de Lorette[2]. Et Descartes, au cours de

  1. Les ambassadeurs de France y veillaient sans doute. Voici une note, significative de La Thuiilerie au secrétaire Brasset, du 5 août 1645, Archives des Affaires étrangères, Hollande, Supplément (1571 à 1651), p. 328 : « I’approuue extremement voſtre conduite pour la liberté d’oûyr la meſſe, que vous auez touſiours conſeruée aux catholiques auec courage & prudence. Vous en uſerez de meme à l’auenir en pareilles occurrences auec le même eſprit & la meme diſcretion. »

    Saumaise « à Monſieur du Puy puiſné, à Paris », loc. cit. : « A Leyden, 28 avril 1634 : …Il n’eſt pas croiable comme la paſſion agite les eſprits de ces quartiers. Comme ils font pouſſés de diuers vents de faction, il y a des catoliques, des remonſtrants & des contreremonſtrans : les premiers tout à fait Eſpagnols, les ſeconds a demi, & qui à vn beſoin ſuiuroient plutoſt les premiers que les derniers ; leſquels derniers iont ennemis inouis des premiers & des ſeconds, & plus encor des ſeconds. Car il y a quantité de catholiques en cette ville, & des principaux, qui y ont leur exercice aſſes libre, quoi qu’en maiſons priuees ; où les Arminiens n’y font point toleres, pour ce qui eſt de l’exercice ; car pour la demeure, elle eſt libre à toutes fortes de religion & d’irréligion ou libertinage. Ie vous laiſſe à penſer, parmi tant de ſectes & d’aſſections bigarrees, ſi les nouuelles qui courent ont touſiours vne meſme forme, paſſant par tant de differents canaux… » (Fol. 36, r.et v)

  2. Indulgence de 50 jours, accordée par le vicaire apostolique en Hollande, Philippus Rovenius, lettre du 7 février 1639, aux fidèles : « …quicunque coràm dictâ Sacrâ imagine Beatiſſimæ Virginis Deigenitricis Mariæ Litanias Lauretanas devotè recitaverint. » (Bijdragen voor de Geschiedenis van het Bisdom van Haarlem.) On trouve dans le même recueil tous les détails rapportés ci-dessus et celui-ci encore :

    « …Aldaar in 1514 omſtreeks 3. 000 communicanten, in 1635 volgens de Relatio Status van Philippus Rovenius omſtreeks 5, 000 Katholieken waren, terwijl volgens Jacobus de la Torre Alcmaria Catholicis abundans hetzelfde getal bezat in 1656. » (Ibid., XXIe Deel, 1896, p. 348.) De la Torre succéda à Rovenius comme vicaire apostolique pour la Hollande.