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Condamnation de Gaulée. 177

publier son Monde. Ses anciens maîtres, les Jésuites, plus tard, au temps du P. Poisson, toléreront bien quelques thèses sur le mouvement de la terre, en leur Collège de Paris ; mais en 1642, à La Flèche, ils combattaient encore, mollement, il est vrai, l'opinion de Copernic -^ Toutefois (et ce fut là peut-être la conséquence la plus grave

» que fort fcrupule ejioit fans fondement, & que, depuis le temps qu'on » ejïoit en poffefjion d'cnfcigner Arijlote, il n'y avait point de danger de » continuer, quelque défenfe qu'en euffent fait les Conciles. Cette réponfe » fi favorable à fon deffeiii luy tix iaire une autre demande : fçavoir, fi » l'Inquifition eJloit au deffus d'un Concile, & quel des deux avoit plus » d'authorité dans l'Eglise ? On luy répondit : Qu'iV n'y avoit pas feu- » lement de comparaifon à faire, & que les décrets de Sorbonne ne poii- » voient pas raifonnablement eflre compare^ a ceux des Conciles, qui » avoient fouvent efïé receûs auec plus de foumifjion & de refpeâ qu'on » n'en a pour ceux de l'Inquifition. Nollre Docteur ne manqua pas auflfl- » toft d'ajufter ces réponfes enfemble, & de dire : Si tes Conciles ne me » peuvent ofïer la liberté d'enfeigner & de fuivre la dodrine d'AriJiote, qu'ils condamnent ; & que l'authorité de l'Inquifition fait infiniment » inférieure à celle des Conciles, vous trouvère^ bon, s'il vous plaifi, que n i'enfeigne & que ie fuive l'opinion de Copernic, que l'Inquifition a con- » damnée. Et comme il lembloit renfermer tacitement dans fa conclu- » fion le décret de Sorbonne, auquel il eftoit obligé de déférer, du moins » par bienfeance, il l'expliqua, difant que ce qu'on en avoit fait, efioit » pour empefcher les divifions, qui partageant les Vniuerfite^ ne font » qu'aigrir les efprits & n éclair ciffent pas pour cela la vérité. »

» Ainfi, Monfieur, ce mal n'eftant plus à craindre depuis qu'on n'eft ■'• plus troublé fur la liberté des fentimens' qu'on doit laiffer aux Philo- » fophes, il ne faut plus rien appréhender fur ce point du cofté de la » confcience ; & on peut fans danger s'infcrire, comme vous dites, contre » rinquifuior. qui a condamné Galilée, fans qu'on bielle le refpecl qu'on » doit à l'Eglife ; mais on peut aulTi s'excufer, comme ie fais, de la » neceffité où ie fuis d'en ufer de la forte, fans fortir du devoir d'un bon » François qui fait profeffion de la Religion Catliolique, dont les loix » m'obligent de condamner ce qu'elle condamne, & d'approuver ce 1) qu'elle approuve. » [Commentaire ou Remarques fur la Méthode de René Defcartes, par L. P. N. 1. P. P. D. L., Vandofme, M.DC.LXX, Reponfe à la Lettre d'un Amy, p. 234-237.

a. Thèse soutenue à La Flèche, séance publique du 23 février 1642 : « Licet fententia Copernici falfa lit & temeraria, non potelt tamen ullis >> popularibus experimentiis fufficienter impugnari. » (Rochemonteix, loc. cit., t. IV, p. 1 14 et p. 367.)

Vie de Descartes. j3

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