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Météores. 207

propos, il étudie la composition des corps durs et des corps liquides. Ceux-ci (ainsi s'explique leur liquidité ou fluidité) sont analogues à de petites anguilles, qu'on vient de pêcher, et qui déposées en tas au fond d'un bateau, glissent les unes sur les autres, « et se joignent même et s'entrelacent, mais sans se » nouer ni s'accrocher jamais, de sorte qu'elles peuvent tou- » jours être aisément séparées" ». Au contraire, les parties dont se composent les corps durs (ainsi s'explique leur dureté), sont entrelacées, et accrochées, et liées les unes aux autres, « comme les diverses branches des arbrisseaux qui croissent » ensemble dans une haie ». Et ces suppositions en supposent elles-mêmes une autre, celle-ci primordiale : la matière subtile, qui remplit tout l'espace, le vide n'existant point dans l'univers.

Ainsi Descartes donne une première idée de ses principes, à l'aide de comparaisons familières, selon sa coutume, et pré- tend expliquer ensuite, de proche en proche et comme par degrés, jusqu'aux phénomènes les plus merveilleux. Il prétend même en produire de nouveaux, sans avoir besoin d'un pouvoir magique pour cela ; c'est la science qui est appelée à devenir désormais la grande magicienne. Jean-Baptiste Porta n'avait- il pas déjà réuni dans un même titre ces deux termes qui

» point d'apparence que des fumées, des exhalailons terreftres, des » vapeurs aqueufes puiffent pénétrer les orbes des trois planettes infe- » rieurs, pour paruenir iufques au Soleil : la doftrine des Météores » répugne à cela : il n'y a pas vn feul météore, foit-il terreftre, aqueux » ou igné, qui paffe au delTus de la fupreme région de l'air. Il y a plu- » fieurs montagnes au monde, le fommet defquelles monte fi haut, qu'il » n'y a nuées, vents, pluyes, grefle, foudres, ny autres météores qui y » puifl'ent attaindre. Ouide, au premier de la Metamorphofe, tefmoigne » cela du mont Parnalfe :

» Mons ibi verticibus petit arduus aftra duobus, » Nomine ParnaJJus, Juperatque cacumine nubes. »

Le même souvenir classique est évoqué par Descartes, t. VI, p. 23i, 1. 10-14. a. Tome VI, p. 233, 1. 19-31.

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