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246 Vie de Descartes.

A Paris, les exemplaires ne furent mis en vente que sur la fin de 1637, au mois de décembre \ Les objections qui comp- tèrent le plus tout d'abord, aux yeux de Descartes, furent celles de Jean-Baptiste Morin. On se demande aujourd'hui pour- quoi ? Serait-ce à cause de l'auteur ? Morin était professeur au Collège de France, et Descartes l'avait connu à Paris; c'était un partisan de l'ancienne astronomie, adversaire de Galilée, bien pis, un partisan de l'astrologie, ce qui n'était pourtant pas une recommandation. Serait-ce à cause du sujet que Morin choisit pour ses objections: à savoir l'explication de la lumière ? C'était, en effet, pour Descartes, le sujet capital, puisque lui-même y ramenait tout dans son traité du Monde. Mais n'y aurait-il pas encore une autre raison? Avec Morin, on pouvait se promettre une discussion en règle, semblable à celles qui avaient lieu entre les doctes; il représentait la doctrine de l'École. Morin, en effet, définit les termes, selon la logique d'Aristote, par le genre et la différence ; il examine successi- vement, et par ordre, la forme et la matière, la cause du mou- vement ou le moteur, et le mouvement lui-même de ce corps à qui Descartes attribue la lumière. Notre philosophe, peut-être, était bien aise que ses' explications fussent mises à pareille épreuve : on verrait qu'elles pouvaient y résister victorieuse- ment. Ne l'avait-il pas déclaré à Fromondus? Bien qu'il ne se fût pas servi du syllogisme, tous ses arguments, néanmoins, pou- vaient revêtir cette forme consacrée : leur force n'en apparaî- trait que mieux ; seulement, cet appareil eût entraîné bien des longueurs '. Il répondit donc à Morin sur le même ton, et riva- lisa avec lui de subtilité scolastique. Morin en fut tout sur- pris et ravi, et Mersenne également ; l'un et l'autre croyaient que Descartes avait complètement oublié la philosophie de ses maîtres. Aussi Morin répartit par une longue lettre, le

a. Tome I, p. 485-486 : lettre de Chapelain, 29 déc. 1637.

b. Ibid., p. 536, et t. II, p. 196, 288, 362 et 408 : lettres du 22 févr., i3 juillet, 12 août, 12 sept, et oct. i638.

c. Tome I, p. 422-423 : lettre du 3 oct. 1637.

d. Tome II, p. 287 : lettre du i" août.i638.

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