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Polémiques. 261

compris parmi ceux à qui il fit présent de sa Géométrie. Ce fut donc entre eux une lutte violente, ou ils échangèrent force coups . mais chaque coup donné ou rendu marquait un point acquis au progrès de la science. L'affaire prit les allures d'un duel : du côté de Fermât, deux géomètres se portèrent en avant, Roberval et Etienne Pascal", qui d'ailleurs se retira presque aussitôt, forcé de se cacher à la suite d'une petite émeute de rentiers auxquels on supprimait un quartier de leurs rentes. Descartes constitua aussi ses seconds, qui devaient être arbitres du combat : les mathématiciens Hardy et Mydorge , tous deux autrefois ses amis à Paris. Au fond, on ne s'entendit point, parce qu'on ne voulut point s'entendre"^. Descartes affectait de prendre à la lettre la démonstration de Fermât, et profitant d'une petite lacune qui s'y trouvait, il montra qu'on pouvait dire la même chose de l'ellipse et de

» marge: arrivée en i6yS], quoiqu'il en eut encore une autre au Collège » Royal après M. Morin [en marge : ou M. Gaflendi félon d'autres]. » (Baillet, t. I, p. 3o4-3o5.) Nous avons donné la suite de ce passage, t. I, p. 5ig, et t. II, p. 14, où Baillet indique la cause de l'animosité de Roberval contre Descartes. Voir aussi t. I, p. 288, 1. 25, à p. 289, 1. 1.

Voici encore une curieuse anecdote, tirée d'une lettre d' « Ism. Boul- » liau à Chriftiaan Huygens », Paris, 6 déc. i658 : « Pour Monfieur de » Roberval, il a faid une fottife chez Monfieur de Montmor, qui ell » comme vous fçavez homme d'honneur & de qualité. Il a efté fi incivil » que de luy dire dans fa maifon, s'eftant picqués fur une des opinions » de Monfieur des Cartes que Monfieur de Montmor approuvoit, qu'il » avoit plus d'efprit que luy, & qu'il n'avoit rien de moins que luy que » le bien & la charge de Maiftre des requeftes ; & que, s'il eftoit Maiftre » des requeftes, qu'il vaudroit cent fois plus que luy. Monfieur de » Montmor, qui eft très fage, luy dift, qu'il en pourroit & devroit ufer plus » civilement, que de le quereler & le trai£ler de mefpris dans fa maifon. » Toute la compagnie trouva fort eftrange la rufticité & pédanterie de 1) Monfieur de Roberval. » {Œuvres de Huygens, t. II, p. 287.)

a. Tome II, p. 104-114 : second écrit de Roberval (et d'Etienne Pascal ?).

b. Ibid., p. i3, 1. 14-17, et p. i5-23.

c. C'était l'avis de Desargues, que Descartes eût pu aussi prendre pour arbitre. Voir la lettre retrouvée du 4 avril i638, à la fin de notre tome XI. Errata, p. ii-viii. Voir enfin ci-avant, p. 222-223.

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