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Méditations. 30^

secret». Aux yeux des théologiens, dont il brigue pour le moment les suflFrages, il défend la cause de Dieu, rien de plus. En réalité, il joue un double jeu : il veut gagner la partie sur le terrain de la métaphysique d'abord, et attirer ses adversaires, sans que ceux-ci s'en doutent, sur le terrain de la physique, où ils devront reconnaître qu'il a gagné également. Outre les confidences qu'il fait là-dessus au P. Mersenne, il dira, dans une lettre privée à la princesse Elisabeth, qu'il n'a con- sacré qu'un petit nombre d'heures en toute sa vie à la méta- physique ; et plus tard, lors d'un entretien familier avec un jeune homme, Burman, qu'il recevait à sa table dans son ermi- tage d'Egmond, il lui dira, au cours du repas, de ne pas faire trop de métaphysique : cela lui serait plus nuisible qu'utile ; ne trouvait-on pas, au premier livre de ses Principes, tout ce qu'il en fallait pour la physique, qui doit être l'occupation essen- tielle ■'P A première vue, les Méditations àt Descartes semblent ne se rapporter qu'à la religion; mais là même, encore et toujours, son arrière-pensée se rapporte à la science.

Alors pourquoi ce double jeu, qui ressemble à une comédie? J'entre en scène, avait dit autrefois Descartes, avec un masque*. Larvatus prodeo^. C'est que notre philosophe ne veut pas renouveler, à ses dépens, l'aventure de Galilée. Il sent que son cas est le même, et que sa doctrine tombe sous le coup d'une condamnation semblable". Il prend donc ses mesures, le plus habilement qu'il peut. La Faculté de théologie de Paris ou la Sorbonne est une puissance dans l'Eglise catholique, et qui vaut bien, pour un français ou un gallican, le Tribunal du

a. Tome III, p. 233, 1. 24-26, et p. 297, 1. 3o, à p. 298, 1. 7 : leures du 1 1 nov. 1640 et du 28 janv. 1641.

b. Ibid., p. 692, 1. 25, à p. 693, 1. 5, et p. 695, 1. 4 à 1. 25 : lettre du 28 juin 1643.

c. Tome V, p. i65 : du 16 avril 1648. Lire à cette même page, 1. 5 : coticlujîonum (au lieu de conclu/tonem) .

d. Tome X, p. 21 3, 1. 4-7.

e. Tome III, p. 349-350 : du 3i mars 1641.

Vie de Descartes. 39

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