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Méditations. ^09

spéciale, la vocation de la théologie". Quant à la Bible, chacun sait qu'elle a un langage à part, avec des images accommodées aux façons de penser du vulgaire ; on ne saurait donc les ériger en articles de foi, et encore moins en vérités scientifiques : cela dit en passant, et sans qu'il y paraisse trop, à l'adresse des juges de Galilée. Dans l'intimité, Descartes s'exprime plus librement encore, et ne se fait pas scrupule de railler saint Thomas lui-même, le Docteur « angélique », qui connaissait les anges au point d'en faire le dénombrement et le classement hiérarchique, comme s'il avait siégé dans leurs assemblées célestes : nulle part il ne s'était donné autant de peine, et nulle part il n'avait fait preuve, bien entendu, d'autant d'ineptie% disons d'incompétence.

Descartes borne son ambition a démontrer, dit-il, l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme^. Ce double titre avait l'avan- tage de mettre en évidence les deux vérités sur lesquelles il désirait appeler l'attention de la Sorbonne. Il rend son dessein encore plus explicite, en renforçant le titre particulier de quel- ques-unes de ses Méditations^. La troisième, par exemple, était d'abord intitulée « de Dieu » seulement, de Deo; il ajoute ces deux mots,^woi existât, « qu'il existe ». De même la cinquième était intitulée seulement « de l'essence des choses maté- » rielles », de essentiâ rerum materialium ; il ajoute, et iteritm de Deo, quod existât, « et derechef, de l'existence de Dieu ». Enfin, la sixième et dernière avait d'abord pour simple titre « de l'existence des choses matérielles », de rerum materialium existentià; Descartes ajoute, et reali mentis à corpore distinc- tione, a et de la distinction réelle entre l'âme et le corps de » l'homme ». Ces additions datent de la fin de janvier 1641, lorsque Descartes avait déjà reçu les observations de Mersenne,

a. Tome VII, p. 429, 1. 5-8. Tome VI, p. 8, 1. 8-17.

b. Ibid., p. 142, 1. 20-26.

c. Tome V, p. 157.

d. Meditationes de prima philofophia, in qua Dei exijlentia & animée immortalitas demonJiratuK. (Tome VII, p. xix.)

e. Tome III, p. 297, 1. 2o-3o : du 28 janv. 1641.

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