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Méditations. ^ 2 1

à la première occasion dans une bibliothèque consulter le passage de saint Anselme'. Sans doute les mathématiques l'avaient conduit à cette preuve qui d'ailleurs, il le reconnaît, a toutes les apparences d'un sophisme*". Dans un triangle les propriétés se déduisent nécessairement de l'essence ou de la définition. Or, de l'essence de l'Être parfait, on peut déduire de même les perfections de cet Être, à commencer par la première de toutes, l'existence : l'Être parfait existe donc nécessaire- ment. Dans ses Réponses aux secondes Objections, Descartes, pour satisfaire les philosophes et les géomètres, met l'argu- ment en forme, avec majeure, mineure et conclusions II fait plus, il dispose ses raisons comme on lui demande de le faire, d'une façon géométrique, avec tout un appareil de définitions, demandes (ou postulats) et axiomes. Mais là même, lorsqu'il formule cette preuve en une proposition : « L'existence de Dieu » se connaît de la seule considération de sa nature », et qu'il la démontre par un syllogisme, il ne peut s'empêcher d'ajouter que c'est peine inutile, la conclusion pouvant être connue d'elle-même et sans preuve ; et il en avait fait un postulat, c'est-à-dire une chose qu'il demande qu'on lui accorde, précisé- ment parce qu'elle n'a pas besoin de raisonnement ni de preuve . Dans une lettre à Mersenne, cette même année 1641, il déclare que « la considération d'un tel être (l'être souveraine- ï ment parfait) nous conduit si aisément à la connaissance de » son existence, que c'est presque la même chose de concevoir » Dieu et de concevoir qu'il existe' ». Le mot presque semble n'être qu'une concession à ses adversaires : pour lui, c'est bel et bien la même chose, et les deux propositions n'en font qu'une, comme n'en faisaient qu'une aussi déjà l'affirmation de son existence propre ou de sa pensée et celle de l'existence

a. Tome 111, p. 261, 1. 9. Voir ci-avant, p. l'iy, note b.

b. Tome VII, p. 65, 1. 16, à p. 68. 1. 20. Le mot fophifma : p. 66, 1. 2-3. Tome IX (i" partie), p. 52-34.

t. Tome VII, p. 160-170. Kt t. IX, p. 124-1^2. d. Tome Vil, p. 167, 1. 4-7. Tome IX, p. 129.

c. Tome 111, p. 396, I. 4-10.

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