Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/407

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Principes de la Philosophie. j6^

aujourd'hui; et cela est bien plus cligne de sa perfection, que s'il avait laissé seulement la matière parvenir d'elle-même peu à peu à l'état actuel, en passant par tous les états intermé- diaires. Cette formation lente et successive satisfait davantage notre esprit curieux de comprendre et de savoir ; mais elle ne remplace pas la création. Descartes l'avait déclaré déjà, par précaution en 161^7 ' ; il le redit plus fortement encore en 1644, en affectant une sincérité qui, sans doute, n'était pas au fond de sa pensée : mais n'était-ce pas aussi la faute des cir- constances, s'il se croyait forcé à de telles déclarations ? Il y gagna tout au plus de ne pas voir ses livres condamnés à Rome de son vivant : l'inévitable mise à l'index fut retardée jusqu'en i663, treize ans après sa mort.

Cependant les Principes furent attaqués en France presque au lendemain de leur publication. Un Jésuite, ce qui dut être sensible à l'auteur, le P. Honoré Fabri, s'en prit à la matière subtile, c'est-à-dire au fondement même de la physique de Descartes, dans une « Philosophie universelle », Philosophia universa, publiée en 1646. Mersenne, en prévint aussitôt son ami, qui, comme d'habitude, s'émut plus que de raison. Avant même d'avoir vu le livre, il écrivit au P. Charlet, qu'il croyait toujours assistant du général à Rome, et qui était maintenant provincial à Paris. Cette lettre, du mois d'août 1046, est inté- ressante'. Descartes y revient à son projet de 1640 : prendre un manuel de la philosophie de l'Ecole, et de préférence cette fois le manuel d'un .lésuite, le publier avec des notes critiques, chapitre par chapitre ; d'où une réfutation en règle, et qui ne laisserait rien debout. Seulement Descartes, plutôt que d'en- treprendre lui-même cette tâche, la laisserait faire à un ami,

a. Tome VI, p. 45, l. 4-22.

b. Tome IV, p. 498, 499, 554, 5^5, 58X ci ()?64)'37 : lettres du 7 sept., 2 nov., 14 duc. 1^)46, et du 2^ avril 1647, où DLScartcs, ayant enfin reçu le livre, reconnaît que ses craintes étaicni mal loiidées.

c. Tome III, p. 269, lettre mal datée, et qui n'est pas à sa place. Il convient de la renvoyer à la seconde quinzaine d'août, comme on voit par ces passages; t. IV, p. 498, I. y-12, p. 585, et surtout p. 587-588.

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