Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/423

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Principes de la Philosophie. 381

» elle, de tous les philosophes ° » ; seuls les théologiens, par une obstination déraisonnable, y restent encore fidèles. Des- cartes fait même grâce au lecteur des multiples observations qui la condamnent : il n'en rapporte qu'une, la plus visible de toutes et la plus frappante, les phases de Vénus, récemment découvertes au moyen du télescope ; ce sont elles aussi qu'avait alléguées, dans un livre d'astronomie, un auteur anonyme, que Descartes connaissait, Ismaël Boulliaud. Notre philosophe n'examine pas davantage l'hypothèse si singulière de Tycho-Brahé : toutes les Planètes tournent autour du Soleil, toutes sauf une, la Terre, qui reste immobile, et autour de laquelle le Soleil tourne avec son cortège des autres Pla- nètes. Tycho n'a pas connu, dit Descartes, la vraie nature du

» dire l'erreur de ceux-là eftre infinie, qui difent le monde eftre infini. » Et Mersenne répliquait à Rey,le i" avril i632 : « Quant à Jordan, encore » qu'il fe férue de mauuais fondemens, neantmoins il eft affés probable » que le monde eft infini, s'il le peut eftre. Car pourquoy voulés-vous » qu'vne caufe infinie n'ait pas vn effet infini? J'ay autresfois eu d'autres >• demonftrations contre ceci, mais la folution en eftaifée... » {Effays de lean Rey, 2« édi»., 1777, p. 108-109, P- '22 et p. 142.)

Jordano Bruno avait été brûle vif à Rome, au Campo di Fiore, le 17 février 1600. Une lettre, datée Je ce jour, fut écrite par Gaspard Schopp à son ami Ritterhausen pour le lui annoncer, lettre publiée seu- lement en 1621 dans un livre anonyme, imprimé h Saragosse (en réalité, en Allemagne) : Macchiavellifatio qua unitorum animas dijfociare niten- tibus refpondetur . Le P. Mersenne lui-même semble n'avoir appris le supplice de P.runo que tardivement et par cette voie : en 1623, dans ses Qucejliones in Genefim, il cite Vanini, brûlé à Toulouse, et un autre héré- tique, Fontainier, brûlé à Paris; il ne cite Bruno que l'année suivante, dans son livre sur l'Impiété des Deijies, en 1624. Cependant Kepler en avait été informé beaucoup plus tôt, par un conseiller de l'empereur Rodolphe, Wackhcr. Le 3o novembre 1607, dans une lettre à Brengger, doyen de la Faculté de Médecine de Kaufbeuren, il lui parle de Bruno : « Infelix ille Brunus, pruinis toftus Romx. » Et Brengger, qui ne savait pas, s'informe, le 7 mars 1608 : « Jordanum Brunum pruinis toftum » fcribis, quod intelligo illum crematum elfe; quafo an certum hoc (it ; » & quando aut quare ci id acciderit, fac ut fciam. » (Joannis Kepleri Opéra Omnia, 1859-1873, t. II, p. 591, 592.) On ne parlera de Bruno que plus tard; |)uur le moment, on parlait surtout de Vanini.

a. Art. XVI. Tome VIII, p. 85, 1. 14-18 ; ou t. IX {2» partie), p. 108-109.

�� �