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ignore la date de ce second mariage ; on peut la supposer aux environs de 1600. D’autre part, les sessions du Parlement étant devenues semestrielles, le séjour à Rennes s’imposait. Cependant le Poitou retint encore quelque temps notre conseiller : ainsi sa femme, Anne Morin, mit au monde un enfant, appelé Claude, dans un village proche de Châtellerault, à Oyré, où il fut baptisé le 9 novembre 1604[1]. Un autre, en 1609, appelé François, et qui, comme le précédent, n’a pas vécu, naquit, il est vrai, à Chavagne, paroisse de Sucé, près de Nantes. Mais seule la dernière enfant, une fille nommée Anne comme sa mère, est née à Rennes, où elle fut baptisée le 25 mai 1611. Vers 1607, Joachim s’était décidé à acheter en cette ville un hôtel qui existe encore, et à s’y installer définitivement. Breton désormais, du fait de sa résidence, c’est aussi en Bretagne qu’il établit toute sa famille, même les enfants de sa première femme, Pierre et Jeanne, à l’exception du philosophe René[2]

  1. ROPARTZ, p. 50 (Claude et François), p. 51 (Anne).
  2. Voici les noms de six Descartes, père, frères, neveux et petit-neveu de notre philosophe, qui furent conseillers au Parlement de Bretagne, sans compter un neveu, fils de sa sœur, François Rogier, sieur du Crévy, et d’autres alliés par des mariages à la famille. (Saulnier, t. I, p. 295-299.) Joachim Descartes, le père, bien que né le 2 décembre 1663, fut conseiller du Parlement de Bretagne, à vingt-trois ans (au lieu de vingt-sept, qui était l’âge requis, ou du moins, vingt-cinq, suivant l’ordonnance de Blois, de mai 1579) : lettres de provision, 6 décembre 1585 ; réception, 14 février 1586. Il résigna sa charge en faveur de l’un de ses fils, Joachim, pourvu le 2 décembre 1625. Mais le père obtint du roi (lettres du 10 décembre), que, pour les services qu’il avait rendus « l’espace de quarante ans », il continuerait l’exercice de sa charge pendant quatre années, « son fils ne pouvant entrer en exercice que le susdit temps ne soit expiré ». Toutefois il n’alla pas jusqu’au bout, et obtint des lettres d’honorariat, données par le roi « au camp devant La Rochelle, le 20 juillet 1628 ». Il ne les fit enregistrer qu’un an après, le 21 juillet 1629. (Ropartz, p. 92-95.) Il vécut encore plus d’onze ans, et ne mourut qu’en octobre 1640.
    Pierre Descartes, sieur de la Bretallière et de Kerleau, fils aîné du précédent (et frère aîné de notre philosophe), fut aussi conseiller au Parlement de Bretagne. Né le 19 octobre 1591, pourvu le 10 mars 1618, reçu le 10 avril suivant, il était seulement dans sa vingt-septième année. Il résignera sa charge en faveur de son fils, pourvu le 21 décembre 1647, et reçu le 30 mai 1648. Mais lui-même se fera pourvoir d’une nouvelle charge en 1649 ; on le reçut le 10 février 1650, avec beaucoup de difficultés et sur lettres de jussion du 10 janvier précédent, et encore, sous la condition qu’il ne céderait plus cette seconde charge à l’un de ses enfants. Il semble bien l’avoir résignée des cette même année 1650 en faveur de François Fouquet, bien que celui-ci n’ait été reçu que le 17 juillet 1654 ; (le contrat de vente est du 30 janvier 1654, au prix de 80.000 livres). Il ne mourut que six ans après, en 1660 ; mais depuis quatre ans, il était paralysé. (Ropartz, p. 162.) — Son fils aîné, Joachim Descartes, sieur de Kerleau. né à La Chapelle, près de Ploërmel, le 5 octobre 1627, fut donc pourvu le 21 décembre 1647 et reçu le 30 mai 1648 (il n’avait que vingt ans). Il mourut à Rennes, le 28 avril 1700. — Il eut lui-même un fils conseiller au Parlement de Bretagne, Francois-Joachim Descartes, sieur de Kerleau, né à Rennes, le 20 avril 1664 ; pourvu le 16 février 1691. Marié deux fois : avec Françoise Geret, le 28 novembre 1690, laquelle mourut le 11 août 1729, sans enfants ; puis avec Anne-Marguerite-Sylvie-Joseph de Quifistre, dame de Balavan, le 9 octobre 1729, née le 14 août 1702 elle avait vingt-sept ans, et son mari soixante-cinq. Ce Descartes, le dernier du nom, mourut à Vannes, le 7 avril 1736, et fut inhumé le 8 à Elven. Il avait vendu sa charge, le 20 juillet 1734, au prix de 22.000 livres. Sa fille unique, Marguerite-Sylvie, née du second mariage, le 21 janvier 1731, épousa le 24 juin 1750 René-Jacques-Louis Le Prestre, marquis de Châteaugiron, conseiller en 1742, et président à mortier en 1756 ; elle mourut en 1762, et fut inhumée à Elven, le 14 juillet. De cette union naquit un fils, René-Joseph, père de René-Jacques-Hippolyte, marquis de Châteaugiron (1774-1848), dernier du nom, celui qui communiqua à Victor Cousin la lettre du 3 avril 1622, publiée au t. I, p. 1-2.
    Joachim Descartes, sieur de Chavagne, fils du premier Joachim et de sa seconde femme, demi-frère par conséquent de notre philosophe, naquit vers 1602. Pourvu le 2 décembre 1625, à charge de survivance, au lieu de son père résignant, il ne fut reçu que le 10 juillet 1627 : rien ne pressait, puisque son père pouvait exercer quatre ans encore. Il vendit son office par contrat du 15 avril 1678, au prix de 64.000 livres, et reçut des lettres d’honorariat, le 8 septembre de la même année. Il mourut doyen du Parlement, vers 1680. — Son fils, appelé comme lui Joachim Descartes, sieur de Chavagne, né en mai 1635, devint aussi conseiller : pourvu le 31 mars 1659 (à vingt-quatre ans à peine), reçu le 21 mai suivant. Il avait acheté sa charge 95.000 livres, et ne l’estimait plus que 45.000 dans son testament, en 1711 et 1714. Sa fille aînée ne la vendit, le 18 décembre 1721, que 38.000 livres. Il était mort le 8 août 1718. Demeuré veuf de sa femme, Prudence Sanguin, le 15 juillet 1673, avec quatre filles, il maria l’aînée, Louise-Prudence, avec Christophe de Rosnyvinen, marquis de Pire, le 31 août 1676 ; la seconde entra aux Ursulines ; la troisième, Céleste, épousa le 9 avril 1682, François Amaury de la Moussaye ; et la dernière, Suzanne, baptisée le 9 mai 1664, épousa, comme son aînée, un Rosnyvinen, Jean ; frère cadet de Christophe. Ayant ainsi marié ses filles, Joachim Descartes entra dans les ordres ; il ’était déjà prêtre, lorsque Baillet publia sa Vie de Descartes, en 1691. (Ropartz, p. 177-183, et p. 205-209. Baillet, t. I, p. 14-15.)