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508 Vie de Descartes.

qui ne saurait prendre trop de soin pour le maintenir intact : dans les deux cas, une telle jalousie est le fait d'une âme géné- reuse^. Mais il y a une jalousie blâmable, celle du mari qui surveille trop sa femme et la tourmente, n'étant pas assez sûr de se l'attacher par son mérite propre : il manque en cela de générosité. On retrouve, dans d'autres passions, des effets semblables ^ C'est la générosité qui, chez les âmes fortes, entretient la pitié, laquelle ne serait sans cela que vaine sensi- bilité et faiblesse; c'est elle qui entretient aussi la reconnais- sance, passion des cœurs bien nés, et qui arrête à temps l'indignation, et l'empêche de dégénérer en colère. Les Anciens avaient fait de celle-ci une passion principale. En effet, elle est des plus violentes, et Descartes recommande fort de s'en garder, ou plutôt de la modérer. Mais cependant, si nous sommes offensés ? Alors, dit Descartes, « nous devons tâcher » d'élever si haut notre esprit, que les offenses qu'on nous

» £■ qui vous aparufijage & fi fcavant, eft devenu fou : je lui ai entendu » hier foutenir à fes amis, que la Terre tournoit autour du Soleil. » Peut-on voir une folie Jemblab le ? Que fer ai- je de ce malheureux? — » Envoye\-le moi, dit Fabert, je le guérirai. Il eut bien de la peine à » s'empêcher de rire. Il penfoit comme le jeune homme, qu'il admit à » fa table; il l'entretint fur l'artronomie, & lui confeilla de ménager fon » fçavoir en préfence de fa mère. » [Vie de M. le Marquis de Fabert, Maréchal de France, par le P. Barre, Paris, Hérissant, 2 vol. in-12, 1753. Tome II, p. 3o4-3o5) : anecdote empruntée aux Mémoires de M. de Termes, secrétaire, agent et exécuteur testamentaire de Fabert.

Sur cette question du mouvement de la terre, Chapelain écrivait à Balzac, le 19 février 1640 : « . . .Vous avés efté caufe que j'ay acheté le » Phitolaus du S"^ Bouillaud, après lequel il y auroit grande opiniaftreté » de croire que Copernic fut un extravagant, & qu'Ariftote euft raifon de » mettre la Terre dans le centre. Je vous avoue que j'ay bien du plaifir » de croire que je fuis fur la Terre comme dans un vaiffeau & que je » voyage perpétuellement par les lieux autour de ce bel Aftre que vous » aymés tant & qui vous a fait dire que vous eftes Solaire. » [Lettres de Jean Chapelain, Paris, Impr. Nat., t. I, 1880, p. 575.)

a. Tome XI, p. 458, 1. io-i3.

b. Ibid., p. 458-459 : art. clxix.

c. Ibid., p. 469-470 (pitié); p. 474, 1, 6-8 (reconnaissance); et p. 480- 481, art. ccii et ccni (colère).

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