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Descartes en Slède. 521

allusion aux fureurs de l'amour dans la tragédie des anciens et la poésie héroïque des modernes, V Hercule de Sénèque* et le Roland ou Orlando de l'Arioste (estimant sans doute, comme Balzac, que l'Arioste était plus « honnête homme » qu'Aris- tote) , rappel enfin de quatre vers de Théophile, le poète à la mode jadis parmi les jeunes seigneurs de la cour de Louis XIII '^. Toutes ces galanteries, certes, n'étaient point pour Chanut mais pour cette reine de vingt ans à peine, tant vantée par son ami, et dont lui-même avait entendu faire un si bel éloge par La Thuillerifc^, de passage à La Haye, lorsqu'il revint de son ambassade à Stockholm.

Ces ornements de style n'empêchent point d'ailleurs la lettre du !"■ février 1647, d'être une des plus belles de Descartes, philosophiquement^ Il y découvre par avance les idées que nous retrouverons dans le Traité des Passions, sur les origines de celles-ci, origines physiques ou plutôt physiologiques ; puis sur les trois sortes d'amour, selon qu'on estime l'objet aimé, inférieur, égal ou supérieur à soi-même, et comment on peut dans le dernier cas aimer Dieu. C'étaient les deux questions de Chanut. Descartes y ajoute, pour répondre à la question de Christine, une comparaison de l'amour et de la haine, et de leurs dérèglements : la haine rend toujours malheureux et

a. Tome IV, p. 6 1 5, 1. 27-30. Descartes avait déjà cité l'Arioste dans une lettre à Fermât, t. II, p. 280. Chanut écrira, le 3o janv. 1649, " ^ M- '^ » Prince Charles Palatin » (un prétendant à la main de Christine de Suède) : « Sa Maiefté doit faire reprefenter dans quelques iours fur le » théâtre du chafteau la tragédie du Seneque intitulée Hercules furens, » que certains ieunes eftudians d'Vpfale ont apprife. Les Dames qui n'en- » tendent pas le latin, perdront beaucoup à ce fpeclacle. . . » [Bibl. Nat., MS. fr. 17965, p. 1 17.)

b. Balzac à un M. de Celle-veuë-Villotreys, qui aimait les romans. (Œuvres de M. de Bal:{ac, M.DC.LXV, t. I, p. 691.)

c. Tome IV, p. 617, 1. 1-7. Voir ci-avant, p. 75-78."

- d. Ibid., p. 535-536 et p. 58i : Monfieur de La Thuillerie. Tome X, p. 611, 1. 3o-3i : Madame de La Thuillerie. Laquelle t'.es deux leçons est la bonne? Sans doute la première.

e. Celte lettre se divise en trois parties : t. IV, p. 601, 1. i3, à p. 606, 1. 27; puis p. 607, 1. 5,àp. 6i3,l. 2; enfin p. 6i3,1.8,àp.6i7, I. 12. Vie de Descartes. 6C

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