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Descartes en Suède. ^29

excusa la reine comme il put '. Le remerciement se fit attendre jusqu'au 12 décembre 1648, où Christine écrivit enfin quelques lignes assez insignifiantes. Elle parle de la lettre de novembre 1647, ainsi que du Traité des Passions; elle ne parle pas des six lettres à Elisabeth qui complétaient l'envoi ; et on se demande si Chanut, habile à ménager les susceptibilités et craignant quelque jalousie, n'a point gardé prudemment pour lui seul ces six lettres ". Descartes, sans se faire illu- sion, répondit lui-même par un «compliment fort stérile», le 26 février 1648 : s'il était né, dit-il, Suédois ou Finlandais (la Finlande en ce temps-là appartenait encore à la Suède), il ne pourrait avoir plus de zèle pour cette incomparable reine.

Se doutait-il qu'il allait être pris au mot, et que presque le même jour oij il envoyait cette lettre, Chanut lui écrivait, le 27 février, de la part de la reine, pour l'inviter à se rendre à Stockholm' ? Voici ce qui s'était passé. Dans le désœuvrement d'un voyage, en septembre et octobre 1648, et surtout dans l'intimité des conversations qu'un voyage procure (huit heures de tête à tête, chaque jour : Chanut en frémissait d'avance, pour avoir à demeurer tout ce temps la tête découverte, et aussi à fournir matière aux entretiens), on avait relu, dit-il. Tacite, et 'Virgile, et Epictète'; puis on avait pensé de nouveau

a. Tome V, p. i82-i83; et surtout p. 233, 1. 16-24.

b. Ibid., p. 35 1-252.

c. Elisabeth le soupçonne ainsi : t. V, p. 196, 1. 7-8.

d. Tome V, p. 293-294. Voir p. 293, 1. 13-14.

e. Ibid., p. 295.

i . Chanut à Monfieur de La Cour, 26 sept. 1 648 : « ...Je m'en vacs demain >• la meffe [sic] chercher nortre Reine de Suéde qui s'elt allée diuertir dans » les montagnes. Ce voyage me fait peur, non pour la longueur & afpreté » des chemins, mais pour ce que la Reine a peu de perlbnnes | auprès » d'elle, & que ma tefte aura bien à Ibuffrir continuellement defcouuerte » au froid des montagnes. Patience : ie fais mon compte que je donne ma » vie en ces occalions au feruice de mon maiftre, comme les autres en » vne bataille... » [Bibl. Nat , Mb. fr. 17964, p 721.)

A M. de Brienne, de Cupreberg, 7 cet. 1648 : voyage en Dalécarlie, à' Vie de Descaktes. 67

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