Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/616

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^J2 Vie de Descartes.

» vous vous trouuiez de nouueau incommodée de cette palpitation » ou battement de cœur. le vous prie de prendre une bouteille de » terre & la remplir de bonne maluoifie & y mettre dedans vne » pièce d'acier & la tenir bien bouchée, & quelque temps après en » prendre trois ou quattre cuillerées le matin à iun, ayant appris » ce remède de Madame de Chanut Ambaffadrice de France, » laquelle ayant la mefme incommodité, en a par la efté deliurée; » & prie Dieu que le mefme vous arriue. »

A cette date de 1666, Pollot se trouvait donc encore à La Haye. Pourtant, il était déjà revenu à Genève, au moins lors du contrat de mariage d'une de ses nièces, Lucie Girard, en i653. « ...Mondit » Sieur Alfonfe de Pollot... a toufiours efté en Hollande & furtout » à La Haye depuis l'aage de dix fept ans au feruice des Eftats » généraux des Prouinces vnies & de Monf"" le Prince d'Orange » Frédéric Henry & de Madame la Douairière, iufques au temps » du mariage d'icelle auec ledit S' Sauion, à laquelle peu de mois » après fon arriuée dans Geneue, il voulut bien faire vne libéralité » confiderable de fes propres biens. . ., luy donnant du fien propre » fix mille Hures, comme il fe peut vérifier par le contraél de leur » mariage de i653. » Le mémoire d'où ceci est tiré, est du mois d'août 1669. Il a pour objet de débouter le sieur Savion de préten- tions injustifiées à la mort de l'oncle de sa femme, et continue ainsi : « ...Ledit Sieur Sauion n'a eu garde de rien demander au » defund, quoy qu'il ait furuefcu audit mariage l'efpace de 16 à » 17 années, au grand auantage de ladite demoifelle Lucie Girard, » qui a toufiours treuué chés luy vn afile affeuré contre les conti- » nuelles perfecutions & mauuais traitemens de fon mari, lequel » auffi ayant recouru à la charitable bonté d'iceluy, en a obtenu des » foulagements bien confiderables en ce qu'il luy a prefté de l'argent » pour le fortir des prifons de Dijon & de Gex : comme apert par » ades qui defcouuriront l'ingratitude de ce parent enuers la )) mémoire de fon bienfaiteur. » Ce même mémoire rappelle qu'Al- phonse de Pollot a payé les dettes de son frère Jean-Baptiste, mort prématurément, qu'il n'a cessé d'envoyer de l'argent à sa mère et à son frère Vincent, que lorsque celui-ci fit un voyage à Lyon-, où il mourut, c'était pour recevoir une lettre de change de dix mille écus qui lui était annoncée de Hollande, et qui arriva en effet le jour même de son enterrement : enfin ce généreux frère a toujours été « comme un Joseph dans sa famille ».

Ce document ferait croire que Pollot passa à Genève les seize à dix-sept dernières années de sa vie, ce qui est peut-être excessif. Le

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