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Appendice. 581

ment Clauberg le rapporte d'après le Jésuite Clavius, et si Descartes le tenait également de ce célèbre math^aticien, voilà une preuve de plus qu'il avait étudié ses ouvrages. « Ergo ficut Archimedes, » robori & efficaciae demonltrationum Geometricarum innixus, j> faepenumero jaditavit, fi haberet terram aliam in: qua pedem » figeret, hanc noftram quam incolimus, è loco fe commovere pofl'e » [verba funt Chrijioph. Clavii), idem Cartefius jaditare débet. » (Pag. 233-234.)

Descartes, dans le Discours de la Méthode, t. VI, p. 1 1-12, pour justifier son entreprise de reconstruire à lui seul toute la philo- sophie, cite l'exemple de ces villes bâties tout entières sur les plans d'un ingénieur. Or c'était précisément le cas d'une ville de la Touraine, et proche du Poitou (comme La Haye), la ville de Richelieu. Les étrangers, qui voyageaient en France, en étaient frappés, et Clauberg ne manque pas de faire le rapprochement : « Secundum exempium, ab urbibus, intaftum relinquit Lentulus, » forte veritus, ne vel unius urbis Richeiiae, ab inclùto Cardinale » exftruftae, quam in Gallia luftrare potuit, exemplo refelleretur. » (Pag. 81.) Toutefois, il n'est pas sûr que Descartes ait songé à cette petite ville de Richelieu, dont la construction commença en i63i Mais il avait pu voir en Italie Turin ; et l'on avait en France d'autres exemples, Nancy, à partir de iSSy (la Ville-Neuve de Charles III), et sur la Meuse, en face de Mézières, Charleville, qui date de 1606. Descartes ne paraît pas avoir traversé Nancy; ma,is peut-être passa-t-il à Charleville, lors de son premier voyage en Hollande (qu'il n'a point fait par mer), comme y passera plus tard Gassend. (Voir t. I, p. 127, note, et ci-avant, p. 44-45.)

Enfin Clauberg répond à une accusation d'impiété (ou peu s'en faut), qu'on lançait contre le philosophe, qui prétendait, grâce à la science, prolonger peut-être de plusieurs siècles la vie humaine : n'était-ce pas là un empiétement sur un domaine presque mterdit, et que la Nature ou la Providence s'était réservé? Clauberg prend là- dessus, comme sur le reste, la défense de Descartes; et il invoque les précédents fournis par Bacon, Ficin, etc. Il ajoute (et le rensei- gnement a sa valeur, et confirme ce que nous avons dit, p. 3b 1-552), que le philosophe, pressé sans doute .par les curieux, avait parlé de cette question pendant son séjour à Stockholm ; et il cite un témoin que l'on ne connaissait pas, et qui jouit de la familiarité de Descartes en ces derniers temps de sa vie : Johannes von Leuneschloss (de Solingen;, qui était en i652 professeur de mathématiques et de physique à l'Université de Heidelberg.

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