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Un an après la cérémonie funèbre de 1610, le collège de La Flèche célébra une fête commémorative, en plusieurs séances. Le troisième jour, c’est-à-dire le 6 juin 1611, parmi les poésies récitées il y eut un sonnet, dont il faut donner ici le titre en entier : Sur la mort du Roy Henry le Grand & ſur la deſcouverte de quelques nouvelles planetles ou eſtoiles errantes autour de Jupiter, faicte l’année d’icelle par Galilée, célèbre mathématicien du grand-duc de Florence[1]. Les lunettes d’approche, récemment inventées, étaient la grande curiosité scientifique d’alors. Dès 1609, on en vendait à Paris dans les boutiques du Pont Notre-Dame ; les Jésuites en avaient fait peut-être revenir à La Flèche. Mais surtout on était dans l’admiration des curiosités que venait de découvrir avec ces lunettes le Florentin Galilée Galilei : en particulier les planètes de Jupiter, appelées aussitôt par lui « Astres de Médicis ». Et les bons Pères n’avaient garde d’omettre cette appellation flatteuse pour la famille de la Reine Mère, Marie de Médicis, régente de France, et leur protectrice. Le collège s’ouvrait ainsi aux nouveautés du dehors, et l’exemple était donné à Rome même. On était encore loin, en effet, de la condamnation de Galilée, qui ne sera prononcée qu’en 1633 ; le premier avertissement, assez bénin d’ailleurs, ne vint même qu’en 1616. Mais l’année 1611, le professeur de philosophie du collège des Jésuites à Rome faisait soutenir par ses élèves des thèses favorables aux nouvelles découvertes, et les dédiait à un cardinal ; celui-ci ne voyait en Galilée qu’un compatriote, dont on pouvait bien être fier pour l’Italie, puisqu’il découvrait dans le ciel, comme avait fait Americo Vespucci sur le globe terrestre, un Nouveau Monde[2]. Les Jésuites accueillirent donc sans méfiance

  1. Rochemonteix, t. I, p. 147. Le récit de ces fêtes fut imprimé : In Anniverſarium Henrici Magni obitûs diem Lacrymæ Collegii Flexiensis Regii S. J. (Flexiæ, apud Iacobum Rezé, 1611.)
  2. De Phænomenis in orbe lunæ novi teleſcopii uſu à D. Gallileo Gallileo nunc iterum ſuſcitatis Phyſica diſputatio, à D. Iulio Cæsare La Galla in Romano Gymnaſio habita, Philoſophiæ in eodem Gymnaſio Primario Profeſſore. Necnon de Luce & Lumine altera diſputatio. Superiorum